Une robe longue, un pull doux, un poncho en mousseline. Et sur chaque vêtement, telle une marque de fabrique, un dessin original réalisé par une jeune fille du Libéria. En lançant « Le Dessein », sa ligne de vêtements éthiques à Santa Monica, le créateur sénégalais Eric Coly est parvenu à concilier deux univers qui lui tiennent à cœur : la mode et l’éducation des filles.
« 20% des bénéfices réalisés sur les vêtements sont reversés à une association au Libéria appelée More Than Me, qui apporte une aide financière aux jeunes filles défavorisées de ce pays afin de leur assurer une scolarité. Il faut savoir que dans ce pays marqué par 10 ans de guerre civile, plus de 40% des filles de 10 à 14 ans n’ont jamais été à l’école».
Une enfance marquée par des femmes libres
En septembre 2013, l’association a inauguré la première école gratuite pour filles du pays. «Elles ont souvent très peu d’estime pour elles-mêmes. En les faisant collaborer à ce projet puis en leur montrant que des personnes apprécient leur travail et portent leurs créations, nous contribuons à leur redonner confiance en elles », ajoute le créateur.
«Je viens d’une famille assez avant-gardiste en matière de droits des femmes. Ma grand-mère a été la première sage-femme de sa ville. Ma mère a elle entamé des études de pharmacie et mes deux sœurs sont avocate et diplômée d’un Master de Santé Publique à Londres. Mon rêve est que ces jeunes filles africaines à qui l’on n’a pas transmis la même confiance en soi, puissent elles aussi prendre le contrôle de leurs vies».
Avant de se tourner vers l’univers de la mode, Eric Coly s’est beaucoup cherché. Après avoir obtenu son baccalauréat à Dakar où il est né, il a fait un bref passage en France, où il ne « s’imaginait pas du tout vivre malgré les conseils » de sa mère. « J’avais l’impression qu’il n’y avait vraiment qu’aux Etats-Unis que je pouvais réellement être accepté en tant qu’immigré et réussir», se souvient-il.
De la finance au textile
Après des études dans l’Ohio, il part vivre à Los Angeles. Diplômé de la Business School Anderson de UCLA, Eric Coly passe dix ans dans le milieu de la banque. Jusqu’à une grosse dépression, il y a trois ans. « Ma mère est décédée alors que j’étais aux Etats-Unis, coincé par des problèmes de carte verte. Cela a été une période très dure pendant laquelle je me suis complètement remis en cause. Petit à petit, j’ai compris que j’avais fait le choix de la réussite pragmatique qui plaisait à ma mère, en mettant complètement ma créativité de côté».
Pour remonter la pente, Eric Coly décide d’écouter ses envies. « Enfant, j’étais fasciné par l’univers de la mode. Je conseillais souvent ma mère sur ses tenues lorsqu’elle allait à des soirées» se souvient-il. Six mois plus tard, le projet « Le Dessein » est lancé. Avec un bel objectif à atteindre pour ces dix prochaines années : envoyer quelque 10.000 filles du Libéria sur les bancs de l’école.