Mercredi 4 juillet, à la North Cove Marina, c’est jour off pour les skippers de la Krys Ocean Race. Ils partiront samedi pour Brest dans la cadre de cette course transatlantique sans merci à bord de leurs trimarans multicoques. En attendant, c’est l’heure des réparations de dernière minute et le moment de prendre un peu de repos.
Une vingtaine d’hommes, aux couleurs de leurs sponsors, discutent dans un décor pour le moins inhabituel. « C’est amusant comme contraste, ces petits bateaux au pied des hauts gratte-ciel », sourit Cristina Lopez, madrilène en vacances à New York. Pour les trente skippers, dont vingt-trois Français, habitués aux ports de plaisance bretons, le changement est radical. « Nous avons l’impression de naviguer entre les buildings », s’amuse Xavier Revil, membre de l’équipe Foncia, menée par Michel Desjoyeaux. « C’est surréaliste d’arriver ici, entre les bateaux taxis, les cargos, ça grouille de partout ».
Dans le bassin, les cinq trimarans côtoient quelques yachts. La marina est petite. Trop petite pour monter un village avec des pavillons. Même le matériel des skippers est resté à Newport, d’où les marins sont partis lundi dernier. L’effectif est réduit. Près de 150 personnes (organisation et équipages) travaillent pour la course à New York, sur les 450 impliquées dans le projet. « New York, ce n’est pas pratique, mais c’est prestigieux », explique Marco Simeoni, président de Multi One Design S.A et l’un des organisateurs du projet. « C’est le départ d’un parcours transatlantique historique, qui rejoint New York à Brest, et partir d’ici nous permet d’être plus visible ».
L’occasion aussi de faire découvrir la voile aux Américains. « La France est un pays de voile. C’est plus difficile ici. Pour les bateaux, à part la Coupe de l’America, les Américains s’intéressent surtout à la pêche au gros, glisse Marco Simeoni. C’est bien d’être là pour leur montrer qu’il existe des sports fantastiques autre que le basket ou le football. »
Marco Simeoni n’aura pas le temps de visiter New York. Mais voir ces bateaux amarrés à Battery Park City représente déjà un aboutissement. « Nous travaillons depuis trois ans d’arrache pied, avec Franck David et Stève Ravussin, sur la conception des bateaux et la définition du parcours. C’est un sentiment extraordinaire de voir que les choses sont là, concrètes, ce n’est plus qu’une vision. J’apprécie chaque seconde ici à sa juste valeur », s’enthousiasme le skipper.
Ces trimarans multicoques MOD 70 sont parmi les plus rapides au monde. Ils coûtent chacun 2,2 millions d’euros, amortis sur six ans, et sont identiques (mêmes voiles, même système électronique…) « Avoir des bateaux similaires, ça met en avant l’aspect sportif, et non les supports financiers », explique Yvan Ravussin, membre de l’équipage Race for Water. « Ce sont les meilleurs marins qui gagneront. » Brest les accueillera environ une semaine après le coup de départ. Il faudra attendre 2014 et la course retour pour revoir les trimarans à Manhattan.