C’est une bonne nouvelle pour les étrangers sous visas de travail aux États-Unis. Le Département d’État (DOS), qui gère les relations internationales au niveau fédéral, planche en ce moment sur un programme pilote visant à améliorer les procédures de renouvellement des visas non-immigrants. Les détenteurs de H-1B et de L-1 pourront d’abord en bénéficier.
Les premiers concernent les travailleurs hautement spécialisés, très présents dans certains domaines comme celui de la tech. Les seconds concernent les transferts d’employés d’entreprises internationales. « Ces deux groupes représentent la population de visas la plus importante aux États-Unis, les visas O ou E étant minoritaires, précise Claire Degerin, avocate spécialisée dans l’immigration liée à l’emploi. À terme, l’idée consiste à élargir le programme à différents types de visas de travail, sauf ceux qui sont historiquement adjudiqués par les postes consulaires comme les visas E et I. »
Actuellement, lorsqu’un visa de travail arrive à échéance, il faut voyager à l’étranger – la plupart du temps dans son pays d’origine – pour obtenir à nouveau le précieux tampon dans son passeport. Une fois le sésame approuvé, on peut ensuite rentrer en règle aux États-Unis. Mais ce voyage s’apparente pour certains à un parcours du combattant. « Beaucoup de demandes, pas assez de personnel dans les consulats locaux et des retards accumulés créent parfois des délais d’obtention rallongés et des incertitudes », explique Claire Degerin. Une situation pré-existante à la pandémie de Covid-19 que cette dernière n’a fait qu’exacerber. Et qui ne s’est pas toujours résorbée.
« Depuis plusieurs années, de nombreuses familles n’ont ainsi pas pu rentrer dans leur pays malgré les impératifs. Elles restent ici de peur de ne pas pouvoir revenir et d’être coincées en dehors des US pour des périodes prolongées. Des histoires complexes et difficiles… », raconte l’avocate basée à Los Angeles. C’est dans ce contexte que l’AILA, le syndicat des avocats d’immigration aux États-Unis, a suggéré au gouvernement d’instaurer à nouveau la possibilité de renouveler son visa tout en restant sur place.
Cette option n’est pas une nouveauté, mais elle avait été suspendue en 2004. Aujourd’hui, il s’agit donc de créer une structure entière dédiée aux renouvellements depuis les États-Unis. « Sachant qu’en vingt ans, tout a changé, dont la technologie qui a beaucoup évolué. Remettre le système en place et à jour implique donc un travail assez lourd pour l’administration », affirme Claire Degerin. Le détail du calendrier reste pour le moment inconnu, mais la mesure devrait rentrer en vigueur plus tard, courant 2023.
Cette réforme d’importance « fera vraiment une différence pour les individus originaires de Chine ou d’Inde qui rencontrent de longues attentes et peuvent rester bloqués dans leurs pays plusieurs semaines ». Selon l’avocate de l’immigration, la mesure aura en effet moins d’impact pour les demandeurs français qui « rentrent plus régulièrement en France et pour lesquels le temps d’attente au consulat parisien atteint en ce moment en moyenne seulement deux semaines ». Dans tous les cas, cette mesure offrira une réduction de la charge de travail des bureaux consulaires, ainsi qu’un gain de temps et d’énergie pour les demandeurs comme leurs employeurs.