L’allée de la galerie est étroite mais les photos sont grandes, spacieuses, presque luxueuses. Les portraits vous observent par-dessus votre épaule, à droite, à gauche, ces grands visages vous fixent et sourient sur votre passage. Sommes-nous sur les rives de la mer noire, au bord des datchas, à photographier des apparatchiks ? Le ciel est gris et bleu, la lumière argentée, il est 6 heures du matin en Australie
Comme ces nageurs (russes ?) paraissent âgés !
Celle-ci avec son ventre bedonnant et son maillot démodé, celui-là l’édenté, plus loin ce couple : chacun prend la largeur d’un cadre étriqué. Ce couple si ridé, si marqué par le temps, la souffrance, tout s’accumule sur ces tronches caverneuses.
Et pourtant… Bonté, bonheur, sourires, générosité, fraîcheur ! Ces portraits pris si près, ces images accrochées si proches, tout respire le courage la volonté, et l’humour.
Humanisme hyperréaliste
La série “Icebergs” a été réalisée entre 2003 et 2004 en Australie. Les photos exposées ont été sélectionnées par Sous Les Etoiles au sein de la collection personnelle de l’artiste pour sa première exposition « solo » à New York.
A l’aube, dès 6 heures du matin, l’artiste a traqué le regard de nageurs matinaux, et les a immortalisés dans la lumière argentée du lever du soleil. « Après une discussion amicale, je leur ai demandé de me regarder droit dans les yeux, et de ne penser à rien» dit-il, toujours souriant, disponible…presque timide. Matt a souhaité faire ressortir le caractère singulier du visage des nageurs (imperfections, rides, dents manquantes) pour les rendre magnifiques, tels des paysages. Il illumine les visages et travaille avec une palette de couleurs, de tons et de contrastes en harmonie avec le sujet. La profondeur des regards capte les spectateurs, l’émotion est transmise. Tout comme Doisneau ou Ronis, Matt porte un regard optimiste, plein d’empathie sur le genre humain. Ambiance polaire à Soho : vous ne regarderez plus les nageurs comme avant, vous regarderez l’avenir.
De la publicité à la photo d’art.
Californien de naissance, installé depuis l’âge de 18 ans en Australie, Matt Hoyle a commencé sa carrière comme directeur artistique dans des agences de publicité. Il a pris goût à la photographie lorsqu’il travaillait pour Mc Cann-Erickson en 1999. Matt s’est d’abord saisi de l’appareil pour lui-même traduire ses visions créatives. Il travaille désormais pour la publicité et les magazines entre l’Australie et New York, de Publicis à Saatchi, Rolling Stones ou New York magazine. Sa carrière de photographe s’est définitivement révélée à la remise du prix du Cannes Gold Lion en 2005 et celui du Photographe du l’Année en Australie en 2006. Entre temps Matt a exposé à la galerie Farmani à Los Angeles, à la Thomas Werner Gallery à NY, à la National Portrait Gallery à Londres, et à la Art Gallery de New Sout Wales in Australia.
Sa photo est désormais reconnue pour son caractère riche et narratif ainsi que pour le traitement particulier qu’il leur donne à chaque tirage. Il prépare actuellement, à New York, une série de portraits des grands musiciens du Jazz.
Sous les Etoiles, 560 Broadway, New York, entre Prince et Spring, jusqu’au 15 mars.