“Au delà du symbole, c’était un honneur. Ça a fait le buzz en Corse!” Paul Rognoni s’enthousiasme quand il parle de sa visite, jeudi, chez Barack Obama.
Fondateur de la petite société de production d’Ajaccio Mareterraniu (“Méditerranée” en corse), il était invité “par la Maison blanche” à la présentation de l’une de ses co-productions, “The Seventh Fire” , dans l’Indian Treaty Room. Cette salle, où plusieurs traités historiques ont été signés, se trouve au Eisenhower Executive Building, un bâtiment voisin de la Maison blanche qui abrite les bureaux de l’administration. Paul Rognoni faisait partie d’une délégation corse composée d’entrepreneurs et du president du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni. “Le président Obama vient souvent à ces projections. Mais ce soir-là, il revenait de sa visite en Argentine.”
Réalisé par Jack Pettibone Riccobono et co-produit par l’actrice Natalie Portman, le film documentaire “The Seventh Fire” raconte, à travers le parcours d’un trafiquant de drogue, la dérive d’une tribu indienne du Minnesota confronté à la violence des gangs. La projection a eu lieu en présence de plusieurs membres de l’administration Obama dont “la personne chargée de la question indienne, de représentants de la communauté indienne et des protagonistes du film” .
“C’était intéressant de voir le côté très direct de la discussion. Les questions étaient très frontales. Cela n’arrive pas en France dans les cadres institutionnels. Un membre de l’administration a, par exemple, demandé: c’est bien beau ce film, mais qu’est-ce qu’on fait?” raconte le producteur.
C’est la première fois que la société de production fondée il y a quinze ans par Paul Rognoni, plutôt spécialisée dans les films musicaux, se lance dans un projet de co-production à l’international. Elle s’est retrouvée impliquée par l’intermédiaire d’un certain Benjamin Millepied, le fameux danseur et chorégraphe français et mari de Natalie Portman. “Nous avions produit un film sur la création de sa compagnie pour France 2, Dancing is living. Il m’a dit: ‘tu sais, je crois qu’il y a un film qui peut t’intéresser.’ J’ai trouvé l’histoire magnifique. Ça a eu beaucoup d’écho pour moi. Il ramène à ce que sont les Corses et comment, dans un territoire, une culture dominante peut étouffer une culture minoritaire. Même si rien n’est comparable entre la situation des Corses aujourd’hui et des Indiens d’Amérique, il y a des points de convergence forts et étonnants.”
Le documentaire n’est pas encore sorti en France, mais continue d’être montré dans différents festivals européens (dont la Berlinale en 2015). Un distributeur a été trouvé pour les Etats-Unis. Après un bref passage à New York où il a participé, vendredi, à une reception avec l’Association des Corses des Etats-Unis à l’hôtel Pierre, Paul Rognoni doit maintenant se concentrer sur des projets plus musicaux. “Maintenant que l’administration Obama et que le président Simeoni ont vu Seventh Fire, on va le proposer au président Hollande“, plaisante-t-il. A bon entendeur.