Deux ans après l’exposition consacrée aux oeuvres de jeunesse de Claude Monet, le De Young Museum présente des toiles peintes dans les treize dernières années de la vie du peintre impressionniste, jusqu’à sa mort en 1926.
Une cinquantaine d’oeuvres, dont une vingtaine prêtées par le musée Marmottan Monet de Paris, sont exposées du 16 février au 27 mai, et attireront sans doute les foules curieuses de découvrir une période moins connue de Monet. “A l’âge où d’autres ont déjà raccroché leurs pinceaux, Monet continue à peindre: il vient de perdre sa seconde femme, un de ses fils meurt en 1914, la Première Guerre Mondiale a fait des ravages, il commence à perdre la vue, mais il trouve un regain d’inspiration dans son jardin de Giverny“, explique Thomas Campbell, directeur du De Young. Une vidéo projetée au tout début de l’exposition montre en effet le peintre, cigarette aux lèvres et armé de son pinceau, dans ce décor qu’il aime tant.
L’exposition commence par quelques toiles datant des années 1890, qui permettent aux visiteurs de retrouver le Monet emblématique de l’impressionnisme: le pont japonais, les reflets de la lumière dans l’eau, les nymphéas sont autant de thèmes classiques de l’artiste. “Nous avons volontairement choisi de montrer des oeuvres familières pour mieux montrer le contraste avec les toiles de la fin de la vie de Monet“, explique George Shackelford, directeur du musée Kimbell de Fort Worth, qui est partenaire de cette exposition.
Dans la salle suivante, premier choc: le format des toiles est devenu gigantesque. On se sent comme enveloppé par les peintures exposées dans un espace dont les volumes rappellent le studio que Monet se fait construire en 1915.
Dans une promenade bucolique et colorée, Monet reste fidèle aux nénuphars, et nous fait découvrir les autres plantes de son quotidien: roses, agapanthes, iris, glycine… Marianne Mathieu, directrice adjointe du Musée Marmottan Monet, décrit ces toiles comme “le jardin secret de Claude Monet“: “Ces toiles n’ont jamais été exposées du vivant de l’artiste“.
Dans les dernières années de sa vie, la cataracte affecte la vision du peintre, qui frôle la cécité. Monet continue pourtant à peindre: les tons sont plus chauds, les lignes moins distinctes. Les sujets sont aussi plus sombres, avec une série sur les saules pleureurs, représentant le deuil et la perte d’êtres chers. Monet peignait ce qu’il voyait, et le réchauffement des couleurs de sa palette est caractéristique de sa maladie. “Il ne faut pas lire les dernières oeuvres à travers le prisme de la maladie: Monet reste extrêmement précis, et n’hésite pas à détruire les toiles qu’il juge mauvaises, souligne Marianne Mathieu. L’artiste se renouvelle constamment, et ses dernières toiles préfigurent l’art abstrait qui dominera le reste du XXe siècle.”
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