A 85 ans, Denise Duesing ne court pas après les gangsters un revolver à la main. Elle aide en revanche tous les jours depuis 40 ans les enfants de l’école de Richmond en Virginie à traverser la rue. “Je commence à 7h du matin. J’arrête le trafic, je siffle et je remets le trafic en route”, explique l’octogénaire française née à Jarny en Meurthe-et-Moselle. “A 7h40, je rentre chez moi et je reviens ensuite à 14h”.
Denise Duesing a déménagé aux Etats-Unis il y a 53 ans. “J’ai rencontré mon mari sur la base militaire de Chambley-Bussière (Meurthe-et-Moselle, fermée depuis). Je l’ai ensuite suivi au Nebraska quant-il a été affecté là-bas. Je n’avais pas envie d’habiter aux Etats-Unis à l’époque, mais sous la présidence de De Gaulle, les Américains n’étaient plus les bienvenus en France”.
Aux Etats-Unis, la Française est d’abord comptable au club des officiers de la base militaire d’Offutt (Nebraska). Là-bas, elle fait de belles rencontres comme celle de l’ancien président américain John Fitzgerald Kennedy et de l’acteur star d’Hollywood à l’époque James Stewart. Elle déménage avec son mari et ses sept enfants en 1965 pour la Virginie et le comté de Henrico. “C’est l’un de mes fils qui a trouvé une annonce de garde d’école pour la police de Henricot dans le journal. J’ai été prise tout de suite. Quand j’ai commencé, j’allais travailler avec mon plus jeune de 4 ans sur les bras“, se souvient-elle.
Elle ne quittera plus ce métier. “Mes enfants se sont mariés, mon mari est décédé il y a six ans, je vis seule dans une grande maison. Garder une activité m’occupe et me rend heureuse”, explique celle qui est connue et aimée de tous à Richmond. “On me traite bien et il y a une très bonne ambiance que ce soit avec le commandant, les parents ou les enfants”.
Mamie hyperactive, Denise Duesing est aussi bénévole dans un hôpital de la ville où elle apporte “la communion à des malades en fin de vie“. Elle est également membre d’une amicale française, qui lui permet de ne pas perdre sa langue maternelle. “On se retrouve chaque mois avec une vingtaine de Français et de francophiles. On cuisine français et on ne parle que français”.
Denise Duesing garde un lien avec la France, où ses deux frères habitent toujours. “Je vais les voir tous les deux à trois ans pendant 15 jours. L’un d’eux habite d’ailleurs dans la maison d’enfance où nous avons grandi”. La Française de 85 ans n’exclut pas de rentrer un jour. “Les maisons de retraite sont très chères ici. On s’était dit avec mes belles-soeurs et cousines qu’on se retrouverait un jour dans une une maison de retraite à Jarny, et qu’on ferait la fête!”, confie l’octogénaire dans un sourire.
Enthousiaste et positive, Denise Duesing tient à donner sa recette du bonheur. “Quand je me suis mariée, deux amis m’ont acheté le livre “Le bonheur est en vous” de Marcelle Auclair. Ça m’a aidé spirituellement. Je n’ai toujours vu que le bien chez les gens et ils me le rendent bien”.