“L’élection de Trump remobilise les troupes. Ça crée de la résistance”, affirme Cyril Dion. Toujours optimiste, le réalisateur du phénomène “Demain” s’apprête a traverser l’Atlantique pour venir présenter aux Etats-Unis le documentaire qu’il a co-réalisé avec l’actrice Mélanie Laurent.
“Demain”, c’est plus d’un million d’entrées en France, un César du meilleur documentaire, plus de 250 000 DVD vendus, et un passage, malgré des réticences, dans la plupart des pays d’Europe, ou encore au Japon ou au Canada.
“Ça a été très difficile de trouver des distributeurs aux Etats-Unis et en Angleterre. Quand on a gagné le prix du meilleur documentaire au Festival de COLCOA, beaucoup de distributeurs ont aimé le film, mais m’ont dit qu’ils ne croyaient pas à son potentiel commercial, raconte Cyril Dion. D’abord, parce que projeter des documentaires au cinéma est très difficile, et puis, un peu comme en France au départ, ils ne croyaient pas à ce parti pris positif. C’est le discours qui prône que pour qu’un film marche il faut qu’il y ait du sang, des larmes, et un documentaire où tout le monde est gentil ne marchera pas”.
Sorti il y a deux ans en France, “Demain” part du constat que l’activité humaine actuelle, sans changement, est une catastrophe pour l’écologie et l’environnement. Au-delà du simple constat, le film démontre qu’un mouvement est en marche, que des initiatives à toutes les échelles sont déjà à l’œuvre, un peu partout sur la planète. “Demain” nous embarque dans une odyssée aux solutions qui ne se centre pas uniquement sur l’écologie. “Tout est lié, on ne peut pas dissocier l’économie, du social, du politique ou de l’environnement”.
De l’Inde à San Francisco, en passant par l’Islande, la France ou Detroit, Cyril Dion et Mélanie Laurent ont sillonné le globe pour filmer d’autres manière de vivre, de se nourrir, d’apprendre, de travailler, ou de faire de la politique.
“Beaucoup de gens sont en train de comprendre qu’on est en train de créer l’enthousiasme et de susciter de la créativité. Ce que l’on ne peut pas le faire en montrant des catastrophes”, explique Cyril Dion qui, loin de tout fatalisme ou devoir-être moralisateur, montre simplement avec “Demain” ce qui fonctionne, répondant de la plus belle manière à ses détracteurs qui le taxeraient d’utopiste dépourvu de sens des réalités.
Aux Etats-Unis, Cyril Dion vient faire le tour des grandes villes et universités les plus prestigieuses du pays pour échanger avec le public. Mais le film n’en est pas à ses premiers faits d’arme : l’an dernier, sa projection à l’ONU dans le cadre du Festival de cinéma français Focus on French Cinema avait suscité une standing ovation de plus de 600 personnes. “Le Secrétaire général Ban Ki-moon avait dit dans son discours que le film devait faire partie de la formation des responsables politiques partout sur la planète. L’écologiste Paul Hawken nous a écrit en nous disant que c’était le meilleur film qu’il avait vu jusqu’à maintenant concernant l’écologie”, se souvient le réalisateur et activiste.
Il y a dix ans, Cyril Dion participe à la fondation du mouvement Colibris. L’association encourage et met en lumière des initiatives individuelles et locales qui placent l’écologie et un meilleur vivre-ensemble au centre de leur philosophie. Des actes qui seront filmés et mis bout-à-bout quelques années plus tard avec “Demain”.
“De toute façon, c’est le sens de l’histoire”, répond-t-il quand on évoque les mesures anti-environnement prises par Donald Trump. “Pour détricoter l’accord de Paris ça sera très difficile, il faudra au moins trois ans. Et puis, beaucoup d’acteurs de l’écologie, internationaux ou américains, ne vont pas s’arrêter de faire ce qu’ils font. En Californie, des villes ont fait sécession en disant qu’elles continueraient à faire ce qu’elles font, peu importe ce que ferait le gouvernement. Il y a un réel mouvement, comme en France. Aux élections présidentielles, on n’a jamais eu autant de sujets écologiques dans les programmes des candidats. C’est bien parce qu’ils ont compris qu’il y a un électorat qui attend ça.”