Il avait su populariser comme personne la cuisine française aux États-Unis. David Bouley a succombé à une crise cardiaque, en début de semaine, dans sa maison à Kent, dans le Connecticut. Il avait 70 ans.
Le chef franco-américain s’était fait connaître dans les années 80 pour avoir adapté à New York et auprès du public américain les recettes les plus emblématiques de l’Hexagone. Influencé par les plats de sa mère française, il avait opéré une rupture par rapport aux fastueux dîners d’alors. Sa cuisine était fraîche, évoluée et inventive. Elle mettait à l’honneur des produits peu utilisés à l’époque. La glace aux pois verts, la mousse de pomme ou encore le tofu aux œufs de truite ont notamment marqué les critiques et inspiré une nouvelle génération de chefs.
En 1985, il s’était fait un nom dès ses débuts au Montrachet, une institution de Tribeca, quartier autour duquel il allait toujours graviter. Deux années plus tard, David Bouley y ouvrait un établissement éponyme qui allait devenir emblématique à Manhattan. Le restaurant Bouley, qui accueillait la clientèle par l’odeur enivrante d’un mur de pommes, avait reçu deux étoiles au Michelin en 1999 avant de fermer en 2017. Une autre de ses créations, le Danube, d’inspiration viennoise cette fois et situé sur Hudson Street, avait lui aussi reçu deux macarons avant de fermer en 2008. Son goût pour les saveurs du monde l’a mené à ouvrir un restaurant japonais, en 2011, le Brushstroke, en partenariat avec l’Institut culinaire Tsuji d’Osaka, toujours à Tribeca.
En 2020, au milieu de la pandémie de Covid, il avait été décoré de l’Ordre du Mérite Agricole par le gouvernement français. Une sorte de retour aux sources pour un chef qui n’avait jamais renié ses origines : ses grand-parents avaient quitté France pour immigrer aux États-Unis en 1929. Dans ses années d’étudiant, dans la seconde moitié des années 70, il avait décidé de venir à Paris suivre des cours de Civilisation française à La Sorbonne, avant de travailler un temps au renommé Moulin de Mougins (Alpes-Maritimes) et d’acquérir la nationalité française à l’âge de 28 ans. Il était marié à l’artiste Nicole Bartelme, la créatrice du Tribeca Film Festival.