Felix G. Rohatyn, banquier et diplomate, francophone et francophile, est décédé samedi à New York à l’âge de 91 ans.
C’est la grave crise financière de New York qui, dans les années 1970, avait amené ce banquier sur la scène publique. Surnommé “le sauveur de New York” il avait organisé le plan qui permit à la ville d’échapper à la banqueroute. Plus tard Bill Clinton le nomma ambassadeur en France, poste qu’il occupa de 1997 à 2000.
L’histoire de Felix Rohatyn avec la France commença bien avant sa nomination comme ambassadeur. Né en Autriche, dans une famille de riches banquiers, il déménagea en France à l’âge de 6 ans, en 1934, sa famille fuyant la montée du nazisme. Il y vécut une partie de son enfance, scolarisé notamment au lycée Janson-de-Sailly, jusqu’à ce que sa mère, remariée, décide de fuir la France envahie en 1940 pour partir à Casablanca puis Rio, avant d’arriver aux Etats-Unis en 1942.
Felix Rohatyn retourna en France après guerre, encore étudiant, pour retrouver son père et travailler dans la brasserie dont il était le propriétaire. Mais c’est surtout grâce à ses connections françaises qu’il rencontra celui qui allait devenir son mentor, le banquier et patron de la branche américaine de Lazard, André Meyer. Embauché, il gravit rapidement les échelons et devint un roi du “deal-making” chez Lazard. Mais il refusa les nombreuses demandes d’André Meyer de lui succéder, notamment pour pouvoir continuer de jouer un rôle public à New York et ailleurs, et soutint la nomination du franco-américain Michel David-Weill, en 1977.
Mais sans en être le patron, il resta l’un des poids-lourds de Lazard, jouant un rôle prépondérant dans bon nombre des plus grandes fusions-acquisitions des années 1980 et 1990. Ses ambitions politiques, elles, ne se réalisèrent pas à la même hauteur. Soutien du milliardaire Ross Perot, candidat indépendant en 1992, il échoua à devenir Secrétaire d’Etat de Bill Clinton, vainqueur de l’élection. Le président démocrate le nomma finalement ambassadeur à Paris en 1997. Il s’y distingua notamment en plaidant la cause du libéralisme économique et luttant contre ce qu’il estimait en être la caricature perçue en France.
Pendant leur séjour à Paris, lui et sa femme Elizabeth créèrent FRAME (French Regional and American Museum Exchange), une organisation visant à encourager les collaborations entre musées français et américains. Lorsque les Rohatyn quittèrent l’ambassade, FRAME devint un organisation non-gouvernementale, co-présidée par Elizabeth Rohatyn jusqu’à son décès en 2016. L’organisation demeure active aujourd’hui.
Tout au long de sa vie, il avait gardé de très forts liens avec la France et la communauté française de New York, soutenant de nombreuses activités philanthropiques. Il a été membre de nombreux conseils d’administration de grands entreprises françaises (LVMH, Lagardère, Suez, Publicis…). Il avait été fait Grand Officier de la Légion d’honneur en 2012.
Felix Rohatyn laisse trois fils, Pierre, Nicolas et Michael et six petits-enfants.