“Il faut arrêter de vouloir toujours censurer la réalité”, affirme le jeune québécois Antoine Olivier Pilon en parlant du film “1:54″. Il sait de quoi il parle: certains établissements scolaires ont décidé de ne pas le montrer à leurs élèves jugeant certaines scènes trop choquantes.
Dans ce long-métrage réalisé par Yan England, l’acteur incarne Tim, un ado victime des intimidations de ses camarades de classe. Présentée dans le cadre du festival de film francophone Focus on French Cinema, une projection spéciale du long-métrage aura lieu le jeudi 30 mars aux siège des Nations Unies à New York. Une discussion avec l’acteur et le réalisateur suivra la projection. Il sera également montré le 2 avril à Greenwich.
Pour rappel, deux ans plus tôt, la tête blonde d’Antoine Olivier Pilon faisait sensation auprès du grand public et du Festival de Cannes, pour son rôle explosif de Steve dans “Mommy” de Xavier Dolan. Une interprétation qui propulse le lycéen sur les devants de la scène. “Je voulais un peu me défaire de l’image que les gens connaissaient de moi par “Mommy”, en jouant un personnage comme celui de Tim, plus réservé et introverti”, confie le jeune homme.
“1:54” s’attaque frontalement au thème du harcèlement scolaire. Tim est un jeune homme timide, un peu geek, homosexuel. Avec son ami Francis, il est le souffre-douleur parfait de ses camarades. Jusqu’au jour où l’attaque de trop va le pousser à prendre sa revanche et à défier Jeff, le bourreau, au 800 mètres. Son objectif : passer sous la barre des 1 minute 54 secondes pour battre son adversaire. Une rivalité qui va rapidement dégénérer.
“Yan voulait raconter cette histoire parce qu’il l’avait déjà vécue, et que de nombreux jeunes ont partagé avec lui. C’est quelque chose présent partout mais qu’on ne voit pas nécessairement. Je l’ai aussi vécu des deux côtés quand j’étais plus jeune”, explique l’acteur.
Quitte à forcer le trait, le film dénonce, informe et illustre parfaitement un fléau méconnu. L’impact des réseaux sociaux, l’ignorance des parents, l’incapacité des professeurs et surtout la participation passive des autres élèves aux intimidations, sont mis en lumière dans ce thriller oppressant et haletant.
Un phénomène que l’équipe du film a aussi retrouvé hors caméra. N’ayant pas reconnu l’acteur, certains élèves-figurants l’intimidaient eux-mêmes. “Ils prenaient goût à prendre le rôle de Lou-Pascal Tremblay (qui y interprète Jeff, le bourreau)”, raconte Antoine Olivier Pilon.
“Un peu malgré moi, j’ai souvent participé à des projets qui dénoncent des problèmes comme ceux là, que ce soit le suicide, l’intimidation”, explique l’acteur. En 2012, le Québécois joue un ado tourmenté par un camarade dans “Pee-Wee 3D : l’hiver qui a changé ma vie”. En France, il se fait connaître pour sa participation au clip choc “College Boy” d’Indochine, déjà réalisé à l’époque par Xavier Dolan, où il incarne un martyr contemporain des salles de cours. Plus récemment, il réalise un clip de prévention contre le suicide des jeunes pour la chanson “Pourquoi tout perdre” de Lenni Kim (révélé par The Voice Kids en France).
A 19 ans, Antoine Olivier Pilon se consacre uniquement au cinéma. Il a arrêté ses études une fois son DEC (équivalent du Bac) en poche. Il sera prochainement dans la suite de “Pee-Wee”. “J’ai envie de quelque chose de peut-être un peu plus léger en ce moment. Ça prend beaucoup d’énergie de traiter des sujets délicats, ça peut laisser des traces. J’arrive à m’en défaire assez bien, mais ce n’est pas quelque chose que j’expérimenterai tout le temps. “