« Tout le monde connaît Maya l’abeille ? » Petits sourires et acquiescements de la tête dans la salle. Cette question, c’est Maximilian Ebrard, le co-fondateur de Ubees, qui l’a posée devant un parterre d’investisseurs venus écouter attentivement les présentations de nombreux entrepreneurs en quête de capitaux. À l’origine de cette rencontre, la French American Chamber of Commerce (FACC) et l’association French Tech Miami qui, chaque année, organisent à Miami les « Capital Days », sortes de speed dating pour start-ups et business angels.
Car le Français, originaire de la région parisienne, n’avait que quatre minutes pour séduire et pas une seconde de plus. « On est partis d’un postulat très simple, qui est que, face au déclin de la biodiversité, la réponse globale pouvait venir des abeilles et plus spécifiquement de la pollinisation » explique Maximilian Ebrard. Avec son diplôme d’HEC, son profil très tech et son expérience d’apiculteur en France, il apporte sa pierre à l’édifice balbutiant qu’avait commencé à créer Arnaud Lacourt, un Français installé à New York.
Les deux hommes veulent faire de l’agriculture « re générative ». Ils font l’acquisition de ruches en Californie, à New York et en Floride et mettent au point un capteur connecté à une application qui surveille en temps réel la santé de la ruche et donc des abeilles. Celles-ci jouent un rôle clé pour les industriels, observent-ils, car elles suralimentent la biodiversité et agissent comme un cercle vertueux à effet multiplicateur.
« Tout ce que les abeilles pollinisent est bon à exploiter, c’est pourquoi on encourage les acteurs économiques qui ont besoin de ce que produit la terre à investir dans ces insectes. De plus, c’est bon pour la planète ! » ajoute l’entrepreneur. En plus de ce capteur que Ubees vend aux grands groupes, l’entreprise possède entre 15 et 20 mille ruches à travers le monde qu’elle loue aux producteurs et exploitants. En ajoutant à cela la vente du miel, la start-up est désormais rentable.
« On a choisi les États-Unis pour se développer car le marché de la pollinisation y est énorme, poursuit-il. En France ça reste embryonnaire. Là-bas, les ruches ne sont utilisées que pour faire du miel. Ici, les producteurs et agriculteurs louent des ruches pour que les abeilles puissent polliniser leurs récoltes », explique Maximilian Ebrard. Ces insectes pollinisent en effet environ un tiers de la nourriture mondiale. Or leur population a baissé de 46% ces 10 dernières années. Alors l’objectif de Ubees est aussi de faire croître le nombre d’abeilles dans le monde.
« Ce qu’on voulait aussi, c’était aider les grandes entreprises de l’agroalimentaire et les fabricants de cosmétiques à produire plus et mieux grâce aux abeilles. C’est un moyen pour elles de développer une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. » Grâce à Ubees, la marque Nespresso a ainsi mis au point une gamme de miel et de café colombien. Le géant utilise les ruches de Ubees pour que les abeilles pollinisent les ingrédients (fleurs, fruits…) qui se retrouveront en arômes dans leurs capsules.
Avec sa cinquantaine de salariés et ses bureaux à New York, Miami, Abidjan, Medellin et Paris, Ubees entend aller plus loin dans son développement. « La demande de clients pour les ruches est considérable et ne cesse de croître » se réjouit Maximilian Ebrard. C’est pourquoi, après une levée de fonds confortable de 7 millions de dollars il y a quelques années, l’entrepreneur fait aujourd’hui un nouveau tour de table et souhaite, à terme, être propriétaire de pas moins de 400.000 ruches dans le monde. En attendant de savoir si les investisseurs miseront de nouveau sur son entreprise, le jeune startuper vient de recevoir le prix spécial des conseillers du Commerce Extérieur de la France, lors des Capital Days.