Un frenchy qui apprend aux Américains l’art de manipuler les armes à feu? L’idée a sans doute de quoi faire rire plus d’un redneck. C’est pourtant ce que fait Vincent Brunet, Français de 41 ans originaire de Vendée, installé à Las Vegas depuis 2014 où il est le fier propriétaire d’un gun range (stand de tir).
Le projet est né un peu par hasard. Arrivé aux États-Unis avec un visa E-2, Vincent Brunet a longtemps travaillé dans l’organisation de mariages à destination des Français, ce qu’il continue de faire. “Comme beaucoup, je suis allé tirer dans le désert sur un ‘gun range’ (un stand de tir, ndlr) avec un ami. J’ai apprécié cette expérience et je suis retourné pratiquer plusieurs fois dans différents sites de Las Vegas”, confie-t-il. Mais suite à ses nombreuses “sorties”, le Vendéen avoue être souvent resté sur sa faim. “En fait, je trouvais cela trop touristique. Les instructeurs étaient froids et distants, voire un peu old school. Toutes les armes étaient déjà prêtes sur les tables. On passait à la séance de tir, puis à la photo et c’était fini. Je me suis dit qu’il y avait sans doute autre chose à faire. Il était possible de proposer une expérience alternative aux visiteurs. Je n’ai pas d’attrait spécial pour les armes, mais je trouve que tirer peut être fun, du moment que cela est fait en toute sécurité”, souligne-t-il.
Parcours du combattant
Avant d’en arriver là, la route a été longue pour devenir instructeur. “Avec un visa E-2, il est en principe interdit de détenir une arme, sauf à justifier d’une expérience significative dans l’usage d’armes à feu dans son pays d’origine ou, plus simplement, en étant titulaire d’un permis de chasse. Je l’ai donc passé et ensuite, j’ai pu faire les démarches pour accéder au “background check”, qui autorise l’achat d’une arme et son port de manière visible. Ensuite, j’ai passé le permis CCW (Concealed Carry Weapon), qui permet de porter une arme de poing de façon non-visible. Pour ce dernier, il faut suivre des cours théoriques et se soumettre à une épreuve pratique. Mais surtout, les autorités font une enquête très poussée sur vous. Ce permis est renouvelable tous les cinq ans ou indexé sur la durée du visa”, détaille Vincent Brunet. Voilà pour la première étape. Ensuite, il lui a fallu passer le concours pour devenir instructeur. “Mon choix s’est porté sur celui de la National Rifle Association (NRA), car il est plus facile d’obtenir les assurances pour exercer. J’ai alors passé les différents niveaux pour pouvoir utiliser toutes sortes d’armes”, détaille-t-il. Entre les permis et les diplômes d’instructeur, cela aura pris deux ans”.
Psychologie et fun
Au bout de ce parcours du combattant, Gun Blast Vegas a enfin pu voir le jour, majoritairement des touristes, à 60% Américains, auxquels il se targue d’offrir une expérience différente. “Ma méthode vient de la NRA, mais j’y ai apporté un côté psychologique et plus fun, pour que les gens puissent comprendre les armes tout en s’amusant. J’essaie de donner des informations sur leur maniement, mais aussi sur la législation en vigueur au Nevada. Mon credo est de dire aux clients qu’après deux heures, ils seront à même de maîtriser une arme. Et pour que l’approche soit ludique, je propose plusieurs sortes de cibles allant de celle qui explose au mannequin”, raconte-t-il.
Bien entendu la pandémie de Covid-19 n’a pas été sans conséquence pour Vincent Brunet. Cela s’est notamment traduit par une forte augmentation des prix des munitions, sous l’effet de l’explosion de la demande, comme à chaque crise américaine. Mais l’activité de s’est pas arrêtée. Depuis l’ouverture, il a déjà vu passer plus de 5 200 “happy shooters”. Et il vient de faire un carton plein en décrochant un “Best of Las Vegas” 2021, récompense attribuée par le quotidien local Las Vegas Review Journal.