Loin des galeries d’art contemporain de Chelsea et du Lower East Side, Clearing est tranquillement installée au milieu des vastes hangars à camions de Bushwick. Cette galerie créée en 2011, qui s’étale sur 700 m2, est l’une des seules du coin. Ici, les studios d’artistes côtoient les entreprises de traitement de déchets et les passants ne sont pas aussi nombreux qu’à Manhattan. “Au début, on avait envie de défricher”, commente le maître des lieux, Olivier Babin, un Français de 43 ans arrivé aux Etats-Unis en 2009.
Sept ans après sa création, la galerie a fait du chemin. Après l’ouverture d’une antenne à Bruxelles en 2012, elle s’est taillée une place de choix dans Manhattan en décembre 2017, dans le quartier huppé de l’Upper East Side. “À deux pas du Met, se réjouit Olivier Babin. J’ai accepté une proposition que l’on m’a faite. C’était excitant.”
C’est toutefois à Bushwick, où il vit, que l’on retrouve le galeriste, installé dans un bureau aux plafonds hauts. Depuis le 1er mai, l’espace brooklynite met à l’honneur l’artiste belge Harold Ancart, dont le travail, qui comprend peintures, sculptures, installations, ou encore des tirages photo géants réalisés à partir de négatifs abîmés, est exposé à travers le monde. “Harold Ancart était en 2011 le premier artiste à montrer avec la galerie”, commente Olivier Babin.
Ses artistes, Olivier Babin les compare à des “chevaux sauvages”.“Ce qui me plaît chez un artiste c’est que ce soit une personne exceptionnelle, quelqu’un qui brûle, et dont l’art implique d’être bousculé, dérangé”, dit-il.
À son arrivée à New York il y a neuf ans, ce Dijonnais n’avait pas pour ambition de mettre en avant le travail des autres, mais de créer ses propres œuvres. Alors artiste plasticien, il était venu aux Etats-Unis pour une résidence de six mois. “Je me suis senti dynamisé par le potentiel de la ville et la grande quantité de gens formidables que l’on y trouve”.
Olivier Babin fait alors des expositions et des rencontres. Deux ans plus tard, il raccroche ses ambitions artistiques. “J’ai eu un moment de lucidité, dit-il. Parfois, il est bon de persévérer, et parfois, non.” Celui qui n’avait aucune expérience de galeriste commence à exposer les œuvres de ses amis dans son studio, qu’il vide et dans lequel il dort sur un canapé. Il s’entoure de proches et se lance “à fond” dans le projet. “Je n’ai jamais eu de plan. J’ai simplement fait les choses avec sérieux, sans me comparer aux autres.”
Désormais, il explique avoir le désir de “se rassembler”, peu étourdi par les nouvelles perspectives qui s’offrent à lui. “Le projet est de ne pas trop en avoir et de ne plus s’agrandir pour l’instant”.