Et si l’Armagnac devenait populaire sur les tables et dans les bars new-yorkais ? C’est tout le pari de David Libespère, connu dans le milieu de la mixologie de la Grosse Pomme pour avoir notamment été le directeur et co-propriétaire du 67 à Harlem. Ce Gersois est bien décidé à faire connaître l’alcool phare de sa région d’origine qui souffre d’un manque de notoriété ici face à « son » concurrent, le Cognac. David Libespère a monté, avec son associé Jeff Diego, Bonne Vie, une entreprise spécialisée dans la commercialisation d’alcools.
« Pour l’instant, on travaille surtout avec le Domaine du Grand Comté et Aurélie Baylac, dont je suis un ami d’enfance, explique David Libespère. On va bientôt proposer d’autres produits de la région, d’autres Armagnac bien sûr, mais aussi des vins vintage ou encore du Floc, qui est obtenu en ajoutant du jus de raisin à l’Armagnac. Et à terme, nous souhaitons aussi proposer une gamme de produits plus large, des boissons d’Espagne, d’Italie. »
Les boissons sont distribuées sur les bonnes tables de la ville mais aussi de Philadelphie et de Boston. « Notre idée est de faire de la qualité plus que de la quantité, explique David Libespère. Nous souhaitons faire connaître des petits producteurs mais avec des produits de haute qualité. On ne va pas être dans beaucoup d’endroits, mais des endroits soigneusement sélectionnés : des beaux hôtels, de grands restaurants, des bars à cocktails renommés. »
Pour l’instant, le dirigeant de Bonne Vie travaille majoritairement avec le bouche-à-oreille : ses nombreux contacts dans le milieu de la restauration et de la boisson sont toujours intrigués et intéressés par découvrir cet alcool qui titre à 42% et qui est produit au beau milieu du sud-ouest de la France. Quand ils le goûtent, ils adhèrent et l’ajoutent à leur carte. « Quand ils en parlent à leur clientèle, les serveurs expliquent que ça ressemble au Cognac, mais que l’Armagnac est le plus vieux spiritueux de France, obtenu à partir d’une simple distillation, contrairement au Cognac qui bénéficie d’une double distillation, ce qui permet à l’Armagnac de conserver le maximum de saveur du terroir et du raisin », détaille David Libespère, qui confie avoir découvert cet alcool plus jeune, « lors des repas du dimanche, en famille, quand les parents et grand-parents en ajoutaient une goutte dans le café ».
Il existe plusieurs catégories d’Armagnac. Les meilleurs sont dégustés tels quels, la Blanche est, quant à elle, davantage utilisée pour les cocktails. Des endroits réputés comme Employees Only, Macao, ou encore Bathtub Gin l’ont déjà intégré au menu où il remplace facilement le Bourbon dans les créations maison. Central Park Tower, ce building très sélect qui propose un bar au 100e étage pour ses résidents et où David Libespère travaille aussi en tant que chef de bar, l’a également ajouté à sa carte. Le Domaine du Grand Compté a même élaboré trois bouteilles uniques qui ne pourront être goûtées que là. Entre 30 et 50 lieux sont visés d’ici la fin de l’année.
Démarrés uniquement par auto-financement et seulement 30.000$, Bonne Vie se développe en accueillant de nouveaux partenaires. L’entreprise a récemment été évaluée 3,5 millions de dollars, selon les co-fondateurs.
David Libespère et sa société sont servis par la qualité du produit. Mi-avril, ils ont participé au San Francisco Spirit Compétition : avec trois de leurs Armagnac (VSOP, Napoleon, Hors d’Age) du Domaine du Grand Comté, ils y ont remporté trois « Double-Gold », dans la catégorie Brandy. Ils ont ainsi été sélectionnés pour la finale à Las Vegas, en juin… qu’ils ont remportée ! Tout en élaborant des services de catering en cocktails (ils créent des cocktails sur-mesure pour des événements), David Libespère et son associé comptent aussi l’an prochain distribuer leurs produits en Californie. Il n’y a donc peut-être pas que sur les tables new-yorkaises que l’Armagnac va devenir populaire…