À cinq mois de son déménagement pour New York, Alice doute : Sera t’elle a la hauteur dans son nouveau job ? Son niveau d’anglais est-il suffisant? Aura-t’elle le spleen de la France, de sa famille, de ses amis ? Une chose dont elle est pourtant sure est qu’elle ne restera pas seule très longtemps. Sortir avec un bel Américain aux épaules larges et à la mâchoire carrée, tout droit sorti d’un western à la John Wayne, lui apparaît comme une évidence. Et un jour, construire avec lui une relation sérieuse, «quelque chose de détonnant et d’exotique, bien plus intéressant que mes histoires franco-françaises», n’est rien d’autre que sa destinée.
On ne peut pas lui en vouloir de rêver. C’est hélas sans compter sur l’univers impitoyable et complètement inconnu du reste du monde: le «dating» à l’Américaine.
C’est une belle femme d’une trentaine d’années qui s’assoit devant moi. Alice est à un moment charnière de sa vie. En trois ans de vie New Yorkaise, elle est toujours seule et ne sait plus comment faire pour trouver l’âme sœur. Elle regarde ses mésaventures romantiques et ses multiples «dates» comme on dit ici, avec un côté froid et cynique.
«Tout est tellement prévisible dans ce « dating system » que cela en devient pathétique» me dit t’elle sur un ton monocorde. «D’abord il y a le jour J, un samedi soir, le premier dîner tellement attendu…Et où l’on partage l’addition. Au moment de se dire au revoir, il me lance d’un air désinvolte un «let’s get in touch soon» qui me laisse perplexe. Que faire? Attendre son coup de fil en me demandant ce qu’il a bien voulu entendre par « soon », ou le contacter au risque de paraître désespérée? Il me laisse un message chez moi, un après-midi alors que je suis au travail. Me voilà donc obligée de le rappeler, le jeu de piste est lancé ! après plusieurs allers et retours de rigueur, c’est décidé, on se verra samedi prochain. «Mais Alice, n’oublie pas, on se recontacte sans faute vendredi pour confirmer»! Je suis déjà épuisée et ma deuxième « date » n’est même pas encore commencée ! On se revoit et je découvre que je ne suis pas la seule dans sa vie, que l’on est autorisé à sortir avec d’autres gens. Si je m’en offusque, je passe pour une vraie mégère, si je décide d’en profiter, c’est au tour de mon cow-boy de pacotille de s’en offusquer. Je passe des nuits à me poser des questions sans réponses, à attendre des coups de fils qui ne viennent pas, à recevoir des textos auxquels je ne sais même pas comment répondre tellement ils sont énigmatiques. Montrer ses sentiments est une faiblesse et savoir lire entre les lignes une vraie qualité. J’en viens alors à me demander s’il n’y a pas quelque chose qui cloche en moi. Je doute, puis je le quitte ou il me quitte : « Ah ! ces Françaises sont si dramatiques ». Quelques mois plus tard, après avoir fait le tour de ses « amies », il revient au grand galop me déclarer sa flamme!»
Alice a besoin de se retrouver. La solution est juste au bout de son nez, mais elle ne peut pas la voir. Je l’écoute avec intérêt puis la questionne avec curiosité afin que son regard change et qu’elle trouve la réponse à son dilemme d’elle-même. «Je suis fatiguée de jouer un rôle qui ne me ressemble pas. Je me suis perdu dans un jeu dont je ne veux plus faire partie et je ne sais plus dans quelle direction aller».
Que voulez-vous vraiment qu’il se passe dans votre vie ? «Je veux rester à New York et rencontrer quelqu’un proche de ma culture qui me rendra heureuse. Les Américains que j’ai rencontrés sont hélas trop différents de moi». Qui y a t-il réellement entre vous et cet objectif ? «La peur. La peur du rejet, la peur d’être seule, la peur de l’échec, et a bien y réfléchir, la peur de revenir en France car célibataire. C’est dur de m’avouer que j’avais tort concernant ma vie amoureuse ». Que faire alors ? «Arrêter de me mettre une énorme pression à vouloir réussir ma vie privée comme je veux réussir ma vie professionnelle, en me fixant des challenges impossibles car tout simplement pas fait pour moi. Je veux me sentir aimée, spéciale, et non pas systématiquement jaugée comme on le ferait pour du bétail».
Est ce bien réaliste ? «Oui bien sûr. Je réalise que cela ressemble trait pour trait à mes relations franco-françaises que je dénigrais il y a peu. Pour moi, l’amour n’a rien à voir avec gagner une bataille, bien au contraire. Aimer c’est avant tout rendre les armes et s’avouer vaincu».
Pour certains d’entre nous, ce système de dating devient un tel non sens qu’il nous fait non seulement perdre confiance en nous, mais aussi nous fait renier nos principes fondamentaux de vie et par la même, perdre notre identité. Les solutions sont, hélas serais-je tenté de dire, plutôt simples: soit s’y prêter de bonne grâce et espérer que ça s’arrange avec le temps, soit abandonner l’idée de sortir avec un Américain qui a fait des règles du «dating» les seuls règles possible de rencontres. New York est une ville cosmopolite ou toutes les cultures se mélangent. Il suffit de trouver laquelle est la plus appropriée a vos désirs et a vos rêves, et ne plus jouer à contre-emploi, surtout lorsqu’il s’agit de votre vie personnelle.
Le rêve américain continue pour Alice. Elle vient de se fiancer dernièrement avec Manu, un professeur de français, d’origine cubaine.
Posez- moi vos questions sur www.monlifecoach.com, j’y répondrai dans cette rubrique.
0 Responses
Super article et si vrai que cela en fait froid dans le dos. Quelle galere que ces datings a l’americaine. Je me souviens de ce mec pas terrible mais qui jouait avec trois filles en meme temps, sans que personne ne rale… sauf moi bien sur.
Mon petit copain est italien et on s’adore.
Bravo Nicolas et merci a french morning pour ces articles qui nous touche de pres
Sylvie
So true!!!
J’ai été longtemps mariée avec un Américain, mais après mon divorce, il y a dix ans, je me suis cassé le nez sur la rigidité et les jeux étranges et incompréhensibles du dating. Ce n’est que lorsque j’ai laissé tombé avec les Américains et que j’ai découvert les ex-pats Européens que je me suis retrouvée moi-même.
C