*Le prénom de la personne présentée a été modifié pour préserver son anonymat
Journaliste français en stage à New York, Emilien est un fervent utilisateur des apps de rencontres. Ironie du sort, c’est en levant le nez de son téléphone qu’il va rencontrer le prince charmant. Mais le conte de fées va t-il durer ?
Le premier contact :
A 23 ans, J’utilise Grindr depuis déjà six ou sept ans. J’adore car ça te permet de localiser les mecs autour de toi et d’entamer la discussion sans avoir à “matcher” comme sur Tinder. On va pas se mentir: c’est surtout sexuel, mais j’ai quand même rencontré mon ex avec qui je suis resté deux ans par ce biais.
Je suis arrivé à New York en juillet. J’ai eu pas mal de “dates” avec des Américains, mais rien d’emballant. Il y a trois semaines*, je rentre du travail en métro sur la ligne G et m’arrête à la station Broadway. Je sors dans la rue comme d’habitude pour récupérer la ligne J qui se trouve en extérieur. Je suis en train de marcher la musique dans les oreilles quand je croise un grand black séduisant, ballon de basket sous un bras, vinyles dans l’autre. Je suis aussi gêné qu’intimidé par son sourire et le regard qu’il me lance. Nous nous retournons tous les deux et nous regardons encore intensément. Je ne sais pas comment réagir et c’est là-dessus que l’histoire s’arrête en général…
“Hey there“, me lance t-il en m’attrapant le bras, et en me serrant la main. Il engage la conversation, m’explique qu’il s’appelle Wayne, qu’il est prof de vélo et qu’il aime cuisiner. Je ne peux m’empêcher de mater ses bras musclés et tatoués. Il me demande mon plat préféré. Moi, petit stagiaire fauché, je lui réponds sans hésiter : “Le saumon !“. Il enchaine en me demandant où j’habite. “Je connais un poissonnier pas loin, je vais t’en cuisiner un chez toi ce soir“. Il m’a tellement mis en confiance que j’accepte. J’en profite pour annuler discrètement mon date Grindr du soir, et nous voilà partis pour la poissonnerie. Pendant le trajet il m’embrasse très langoureusement, en étant très explicite avec ses mains. Ça m’aurait dérangé en France mais cette rencontre est tellement improbable que je me surprends à me laisser faire à la vue de tous. Il baragouine en plus quelques mots de français, ce qui est plutôt sexy.
On prend ensuite le métro, saumon en main, pour aller chez moi. Il continue à m’embrasser, à passer sa main sous mon t-shirt, tout en essayant de cacher son érection avec son ballon (rires). Puis il me lance : «Ce soir je te fais à manger, pas l’amour. Cette soirée est trop exceptionnelle ».
Le premier date :
Arrivés chez moi, il fait chaud. Wayne est en sueur et décide d’enlever son t-shirt, ce qui me permet d’admirer sa plastique. Chose promise chose dûe, il se met aux fourneaux et m’apprend par la même occasion à cuisiner le saumon. Le repas prêt, nous décidons de dîner dans mon lit. Il me fait manger à la cuillère, je trouve ça “too much”. On commence les préliminaires puis à faire l’amour, et mes craintes se renforcent. Il n’arrête pas de me demander si ça va, si j’ai mal. J’ai envie de lui répondre, “tais-toi et laisse toi aller !”.
On discute ensuite de son âge, 35 ans. Je lui demande quel est son secret pour paraitre si jeune et il me répond “les fraises“, avant d’en sortir de son sac. Malgré ce côté fleur bleue et romantique, je le trouve sympa. Il me dit qu’il est aussi DJ et me fait écouter sa musique. On se met à danser tous les deux sur le lit, je sors même un fond de bouteille de vodka pour l’occasion. On passera la nuit ensemble avant de se quitter le lendemain matin.
La suite :
Le surlendemain, je reçois un message excessif dont il a le secret : « It was the best moment of my life ». Il m’avait prévenu qu’il partait voir sa famille en Californie pendant deux semaines. Alors on s’est envoyé plusieurs messages, du traditionnel “what’s up?” au sexto coquin. Il rentre ces jours-ci à New York. Nous allons nous revoir.
Bilan :
Il s’avère qu’on n’a pas forcément les mêmes goûts, car il est beaucoup plus âgé. Je veux malgré tout que ça fonctionne, mais quelle que ce soit l’intensité de la relation, je sais qu’elle s’arrêtera. Je vais rentrer en France en janvier. New York est une parenthèse dans ma vie. Même si je suis un amoureux de la ville, et que je veux évidemment revenir, je ne sais pas quand et comment ça arrivera.
Le dating à New York :
Ce genre d’histoire ne pourrait jamais arriver en France. A Paris, il y a une culture de la peur d’autrui, de la peur du viol. A New York, qu’on soit hétéro ou gay, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de harcèlement de rue, ou en tout cas moins d’animosité. Je me sens bien ici car l’homophobie a l’air inexistante et du coup, les couples homo sont beaucoup plus démonstratifs. J’en viens à les jalouser un peu…
Je garderai aussi en souvenir le patriotisme américain, jusque dans le sexe. J’ai entendu plusieurs fois en faisant l’amour, « Eat my American dick » (rires).
*A la date de publication de l’article