Il y a les gentils et les méchants « bots », ces robots du Web qui se baladent partout sur Internet. Et la mission de DataDome est d’identifier les robots malveillants en temps réel et de les bloquer pour les empêcher de lancer leurs cyber-attaques. Pour ce faire, la startup française vient de boucler un tour de table de série B de 35 millions de dollars auprès d’Elephant, un fonds de capital-risque américain, suivi par son actionnaire historique, le français Isaï. « Nous étions en contact avec une dizaine de VCs depuis notre première levée de fonds. Nous avons choisi Elephant pour leur double expertise SaaS et e-commerce, qui sont à la fois ce que nous sommes et le secteur que nous visons. Nous avons aussi été impressionnés par la qualité de leur compréhension de notre métier», explique Benjamin Fabre, cofondateur de DataDome.
Aux côtés de son partenaire Fabien Grenier, cet originaire de Marseille en est déjà à la troisième aventure entrepreneuriale. C’est en travaillant sur leur dernière startup, Trendy Buzz, un outil de monitoring du contenu des sites Web, blogs et réseaux sociaux pour la gestion de la e-réputation, que les deux hommes ont eu l’idée de DataDome. « Nous étions surpris que nos robots d’indexation n’étaient jamais bloqué par les sites web. Nous nous sommes demandé quelle part du trafic internet est générée par des bots ». Réponse : la moitié du trafic mondial sur la Toile n’est pas surveillée, ce qui permet aux robots malveillants d’industrialiser leurs opérations de piratage.
Lancé fin 2015, DataDome a rapidement trouvé ses premiers clients en France avec Le Bon Coin, Blablacar ou Fnac-Darty, puis a levé son premier tour de table de 3,5 millions d’euros auprès d’Isaï et une quinzaine de business angels en 2018, notamment pour ouvrir son bureau à New York. Aujourd’hui, le groupe y génère 35 % de ses revenus, et va accélérer. « Les États-Unis vont devenir notre premier marché dans les douze prochains mois ». Il compte de grands noms américains parmi ses clients, comme le New York Times, Foot Locker ou encore AngelList, pour lesquels ses cyber-analystes surveillent en permanence le trafic, partout dans le monde. La jeune pousse, qui emploie une dizaine de personnes à Union Square, compte recruter en force et passer à 30 salariés d’ici un an. Mais aussi muscler son équipe R&D et optimiser son outil d’intelligence artificielle, face à une menace qui évolue en permanence.
Car l’enjeu des bots est complexe : selon le dernier rapport de l’institut Kount à l’automne dernier, 88 % des entreprises digitales et d’e-commerce déclarent qu’il devient difficile pour elles de détecter des bots de plus en plus performants, et 25 % d’entre elles ont perdu plus de 500.000 dollars à cause d’attaques de bots dans les 12 derniers mois. Mais elles considèrent aussi que les « bons » robots, ceux utilisés par Google et autres moteurs de recherche, sont essentiels à leur succès.
Pour accompagner l’essor américain, Benjamin Fabre a pris une décision personnelle importante : avec son COO-CFO, Olivier Trabucato, ils vont déménager à New York. A l’été ou à l’automne prochain au plus tard, en fonction des délais très aléatoires des visas.