Jamie Bendell ne veut pas entendre parler de vélo ces temps-ci.
Cette jeune New-Yorkaise habite dans le très chic Cambridge Building dans le West Village et, un beau jour, elle a découvert qu’une station Citi Bike, le Velib’ new-yorkais, avait été installée juste devant chez elle. Son sang n’a fait qu’un tour. “Je ne comprends pas pourquoi la ville n’est pas venue simplement discuter avec les gens qui sont directement affectés. Personne dans notre immeuble n’était au courant qu’ils placeraient une borne juste devant l’entrée“.
Jamie Bendell fait partie des anti-Citi Bike, ces New-Yorkais qui aiment le vélo, mais pas en bas de chez eux. Ils se font entendre ces derniers jours alors que la ville finalise l’installation de 330 bornes destinées à accueillir les vélos en libre-service d’ici la fin du mois. Mme Bendell a envoyé de nombreux courriers ainsi que des e-mails au NYC Department of Transportation, en vain, et a pris la parole au nom des résidents du Cambridge devant le Community board de son quartier. Son argumentaire est bien rodée. “New York est connue pour ses conducteurs agressifs. Comment savoir si les gens savent conduire un vélo? C’est vraiment dangereux“, glisse-t-elle. Lorsqu’on évoque les bienfaits écologiques du système, elle reste sceptique: “Je pense que les gens qui vont utiliser ces vélos sont ceux qui marchaient auparavant. Les personnes qui font de longs trajets en voiture ne s’arrêteront pas de la prendre. De plus, les stations vont générer plein de déchets, d’eau gaspillée, je doute fortement d’un quelconque impact sur l’environnement“.
Quelques blocks plus loin, au 99 Bank Street, la fronde s’organise aussi. Après avoir porté plainte, les résidents ont finalement obtenu satisfaction: la station sur le trottoir de leur immeuble a été déplacée de quelques mètres. Mais Mara Breedlove, qui habite dans la rue, reste outrée par l’initiative de la ville. “C’est n’importe quoi, ces vélos sont horribles et très mal placés! Ca va devenir fou ici alors que c’était un quartier paisible. A Times Square d’accord, mais il faut garder les choses authentiques“, rouspète la jeune femme.
Reportée à plusieurs reprises, la mise en place de vélos en libre-service est prévue à New York depuis septembre 2011. Au total, 10.000 vélos répartis dans 600 stations aux quatre coins de Manhattan, Brooklyn et du Queens, doivent être mis en circulation, ce qui fera de New York la troisième ville, après Hangzou (Chine) et Paris, en terme de nombre de vélos publics.
L’art contre le vélo
Plusieurs associations ne l’entendent pas de cette oreille. Parmi elles, Friends of Petrosino Square, une association de quartier créée en 2005 qui soutient les artistes de SoHo et les invite à s’exprimer en plein air sur cette petite place. Une station Citi Bike vient d’y être installée, à la surprise de tous les membres de l’association. Georgette Fleischer, la fondatrice, a sollicité les pouvoirs publics pour faire retirer les bornes de vélos. “New York a peut-être besoin de vélos, mais elle a aussi besoin d’art“, s’exclame la présidente de Friends of Petrosino Square. “Contrairement aux vélos en libre-service de Paris ou Montréal, ceux de New York sont sponsorisés par une grande banque américaine (CitiGroup) qui a fait l’objet d’un plan de sauvetage il y a quelques années… financé par nos impôts fédéraux“.
Citi Bike pas obèse-friendly ?
De la même manière, Street Vendors Project, une association qui défend les droits des vendeurs de rue, a fait circuler une vidéo sur Internet expliquant que Citi Bike a affecté 15 street vendors sur Liberty Street. Ceux-ci sont arrivés un matin sur leur lieu de travail et une station de vélos de 30 mètres de long avait été installée. Malgré des manifestations, le NYC Department of Transportation refuse toujours les discussions.
A Brooklyn, les habitants ont exprimé leur colère en placardant des affiches sur les différentes stations Citi Bike. Avec des arguments… colorés. Certains sont allés jusqu’à dénoncer une discrimination face aux obèses, la charge totale acceptée par les vélos étant de 118 kilos, dans une ville où l’obésité n’est pas à négliger.
Ces critiques ne doivent pas faire oublier que 5.000 New-Yorkais se sont abonnés à Citi Bike. Le service deviendra une réalité le 27 mai. La ville de New York s’est refusée à tout commentaire sur les protestations.
0 Responses
Pour ces charmantes dames du Village il y a deux choses que Einstein a dit. I quote.
” only two things are infinite, the universe and human stupidity, and I am not sure about the former”
The other one was.
“Great spirits have always encountered violent opposition from mediocre minds”
Il y a des gens qui sont contre le progrès et la science, il y a d’autres qui sont pour, tant que ça ne les dérange pas directement, dans leur rue/quartier/ville/pays. Ces derniers sont les plus mauvais et les plus grands hypocrites. Toutes les grandes villes du monde se combattent pour réduire la pollution, les voitures, etc. Celles qui vont réussir les premières vont attirer le talent des plus créatifs, les “early adopters” sur lesquels l’innovation de l’économie dépend (et, à propos, permet aux gens d’acheter de l’art). Que ces égoistes exercent leur poumons en essayant le vélo, au lieu de faire de polémiques contre l’humanité, ça leur fera du bien et nous laissera, nous autres, en paix!