Il y a six mois, tout le matériel de Laetitia Verdeaux, fondatrice de Crêpe-Madame, partait en fumée dans l’incendie de sa cuisine commerciale. Ce coup du sort aurait pu signer l’arrêt de mort de cette petite entreprise, dont l’activité avait complètement été mise en suspens durant le confinement. Mais c’était sans compter sur l’esprit d’entreprise de Laetitia Verdeaux : “J’ai travaillé trop dur pour abandonner, alors je relance mon commerce avec des paniers garnis : on y trouve des crêpes, accompagnées de sucre, confiture, pâte à tartiner, citron et cidre. J’ai eu cette idée en pensant aux parents qui n’ont pas nécessairement le temps de cuisiner, ou aux gourmands, français ou américains, qui veulent se faire plaisir.” A quelques jours de la Chandeleur, le mardi 2 février, la renaissance de Crêpe-Madame tombe à point nommé.
Arrivée il y a dix-neuf ans en Californie comme jeune fille au pair, Laetitia Verdeaux a créé Crêpe-Madame en 2012, afin d’allier son amour de la cuisine et esprit d’entreprise : “J’ai toujours adoré faire des crêpes, donc j’ai choisi une activité qui me donnait l’occasion de partager cette passion avec le plus grand nombre.” Autodidacte en matière de création d’entreprise, Laetitia Verdeaux a d’abord commencé par organiser des pop-ups dans des restaurants, avant de se tourner vers une activité à plus grande échelle, le service de traiteur pour entreprises. “A partir de 2013, j’ai commencé à faire des crêpes pour des entreprises comme Google, Pinterest, Yahoo, Facebook, Uber…Cela avait beaucoup de succès, en particulier parce que la demande pour le sans gluten a explosé au même moment, et que mes crêpes au sarrasin le sont.” En parallèle, Crêpe-Madame ouvre un restaurant dans SOMA, sur 3rd et Harrison, mais en 2016, faute de rentabilité d’un espace sans doute trop grand et mal situé, Laetitia Verdeaux, qui emploie alors jusque dix-huit employés, préfère recentrer ses efforts sur les services de traiteur aux entreprises.
Crêpe-Madame semble alors avoir un avenir tout tracé dans ce domaine, jusqu’à mars 2020 : “J’ai eu huit années de gloire, et le 17 mars 2020, tout a été détruit par la pandémie : les entreprises ont annulé toutes leurs commandes. Et moi qui pensais que mon business ne pourrait jamais couler car les gens auraient toujours besoin et envie de manger… Je n’aurais jamais imaginé une telle situation…” L’incendie de la cuisine commerciale qu’elle loue enfonce le clou. Employés et clients récoltent alors des fonds pour remettre l’entreprise à flot, et cette générosité convainc Laetitia Verdeaux de ne pas renoncer à son rêve : “Je veux montrer que je persévère, et que mes clients peuvent compter sur moi, alors j’ai eu l’idée de ces paniers cadeaux, avec de bonnes crêpes et de leurs garnitures.” Elle sélectionne soigneusement les ingrédients, favorisant le bio pour le lait, les oeufs, la farine, le sucre et le beurre, et le made in France pour la confiture et le cidre du Père Jules. Pour l’instant seule aux fourneaux, Laetitia Verdeaux espère rebâtir une entreprise prospère autour de la fabrication de crêpes, et conserver ce monopole à San Francisco et dans la Péninsule. Les crêpes peuvent être livrées dans un rayon de 40 miles autour de San Francisco, mais pour relancer ses affaires, Laetitia Verdeaux n’a pas hésité à en livrer jusqu’à Santa Cruz la semaine passée : “Voir la joie des clients quand ils ouvrent leur porte et découvrent le panier qui les attend…C’est ma plus belle récompense ! “