La boucle est bouclée pour Courtney Geraghty. Cette Américaine, qui a vécu 24 ans en France, est de retour au bercail.
Depuis septembre, la Bostonienne est responsable de la programmation du French Institute Alliance Française (FIAF) en remplacement de Lili Chopra, partie au Lower Manhattan Cultural Council. “Quand le FIAF m’a contactée pour savoir si le poste m’intéressait, je suis tombée de ma chaise. J’ai relu le message trois fois pour être sûre que c’était bien vrai“, souligne-t-elle, précisant qu’elle connaissait Lili Chopra et son bébé Crossing the Line, le festival pluridisciplinaire qu’elle a lancé il y a plus de dix ans.
La France et Courtney Geraghty, c’est une histoire d’amour qui commence quand elle a 11 ans. “Ma mère avait arrêté de travailler pour s’occuper de ses quatre enfants. Elle a annoncé que nous allions partir pendant un an en France. Elle avait appris le français à la fac. Elle voulait que nous devenions bilingue, qu’on soit plus ouverts“. La suite ressemble à celle que vivent beaucoup d’expatriés. L’année initiale se prolonge. “A la fin de la première année, on était enfin bilingue. On commençait à avoir des amis. Au bout de deux ans sur place, on a dit un an de plus. Après quatre ans, on est allé vivre à Paris“. La famille finit par faire sa demande de naturalisation “tous ensemble“.
Courtney Geraghty découvre aussi le monde de la culture. Sensibilisée aux comédies musicales américaines et la lecture par sa mère, elle se lance dans le théâtre au lycée en France. “À Paris, j’entrainais un groupe de copines dans les théâtres, dont l’Odéon“. Passée par le Centre Pompidou, l’espace de création parisien Le Cent Quatre et l’Institut français de Tokyo, elle devient en 2012 consultante artistique à Automne en Normandie, un festival spécialisé dans les arts performatifs. Celui-ci prend fin après vingt ans d’existence, en 2014. Elle est propulsée attachée culturelle à l’Institut français du Chili, après un peu plus d’une année au sein de la compagnie de l’acteur Vincent Macaigne. “Après la fin du festival, je cherchais la suite de mon parcours. Je ne me serais jamais projetée au Chili car mon niveau d’espagnol était moyen. J’ai pris quelques jours pour réfléchir. Je me suis dit qu’il fallait savoir suivre les chemins que la vie nous tendait“, se souvient-elle.
C’est ce qu’elle a fait une nouvelle fois en 2018 quand l’opportunité de rejoindre le FIAF, centre culturel français leader en Amérique du Nord, s’est présentée. “J’ai toujours eu envie de revenir aux Etats-Unis, mais je ne savais pas comment. Mon profil était devenu très français. Ce n’était pas évident de revenir dans un poste culturel. Aux Etats-Unis, ce sont des postes très convoités“.
Au FIAF, elle veut partager avec le public “l’acte de tomber amoureux de la France“. La nouvelle programmatrice a conscience qu’elle “hérite d’un beau cadeau”, mais cela ne l’empêche pas d’avoir des ambitions. Elle veut notamment accroitre la présence des arts du cirque et de la musique dans la programmation et engager davantage le public en dehors de deux temps forts de la grille: Crossing the Line en septembre-octobre et le festival pour enfants Tilt. “Peu de gens connaissent le visage actuel de la France. La France d’aujourd’hui est passionnante. C’est une France de la diversité qui interroge son rapport à ses anciennes colonies, analyse-t-elle. On a des artistes brillants dans les musiques actuelles, le cinéma, le spectacle vivant. C’est un pays vibrant de création“.