La bonne nouvelle est tombée le 12 mai dans la matinée. Les États-Unis ont remporté pour la première fois de leur histoire l’organisation de deux coupes du monde de rugby, masculines et féminines, respectivement en 2031 et 2033. L’Australie organisera les éditions de 2027 et 2029. « J’exprime ma sincère gratitude envers la fédération internationale de rugby pour leur confiance et leur adhésion à notre vision de développer ce sport incroyable partout à travers notre pays », a réagi Ross Young, patron de la fédération américaine (USA Rugby).
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L’attribution de ces deux coupes du monde vient récompenser les efforts des États-Unis pour développer le sport localement. Chez les hommes, un tout jeune championnat professionnel, Major League Rugby, a vu le jour en 2018 avec 7 équipes, avant de passer à 13 aujourd’hui. La MLR a continué de se professionnaliser malgré la pandémie en organisant sa première draft universitaire en 2020, en même temps que les équipes ont créé leurs premières académies de jeunes. « Nous sommes désormais capables d’offrir des plans de carrière aux meilleurs jeunes rugbymans du pays », réagissait à l’époque George Killebrew, le commissionnaire de la ligue.
Au pays du football américain, plusieurs Français ont cru au développement du rugby comme Thierry Daupin, qui découvre la popularité du sport à Hawaï en 2009. « Il y avait une vraie culture rugby sur l’île, grâce notamment aux communautés fidjiennes et samoanes », racontait-il à French Morning en 2020. Il lance sa première franchise à Austin en 2015, avant d’aider à la création d’un championnat en 2017, qui deviendra, l’année suivante, la Major League Rugby.
Pierre Arnald, ancien directeur général du Stade Français, a quant à lui participé à la création du Rugby United New York en 2018, le premier club professionnel de la Big Apple. « Ce qui m’a convaincu ? Ma rencontre avec Ross Young. Il a organisé la Coupe du monde de rugby à 7 à San Francisco à l’été 2018. Ça a été une vraie réussite. » L’entrepreneur français avait même convaincu Mathieu Bastareaud de le rejoindre à New York fin 2019, mais la pandémie a forcé l’ancien international français à rentrer en France après seulement cinq matches aux États-Unis.
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Chez les femmes, la Rugby Women’s Premier League a vu le jour en 2009 avec huit équipes, avant d’élargir à 10 en 2017. Mais la pandémie a fait beaucoup de mal à ce fragile championnat qui a dû s’arrêter pendant deux ans, avant de finalement reprendre en avril cette année. L’Équipe nationale féminine est en revanche très solide puisqu’elle a remporté la première coupe du monde en 1991, avant de finir deux fois deuxième en 1994 et 1998. Sa dernière participation en 2017 en Irlande s’est soldée par une quatrième place.
Les coupes du monde de 2031 et 2033 vont donc tomber à pic pour les États-Unis, qui ont une dizaine d’années pour installer le rugby sur le devant de l’affiche dans le pays. Ces deux grands rendez-vous devraient coûter 500 millions de dollars aux organisateurs. Chez les hommes, la coupe du monde de rugby est considérée comme le troisième plus gros événement sportif au monde après son pendant footballistique et les jeux olympiques. De quoi profiter d’énormes retombées financières et médiatiques.
Si la candidature américaine a retenu l’attention de la fédération internationale, c’est aussi en partie grâce à Joe Biden. Passionné de rugby, le président américain avait écrit personnellement le mois dernier au patron de World Rugby, Bill Beaumont, pour l’assurer de son soutien au projet. « Les États-Unis soutiennent fermement l’effort visant à amener la coupe du monde masculine en 2031 et féminine en 2033 dans notre pays, et se réjouissent de travailler avec World Rugby pour aider à faire de ces coupes du monde les plus grands succès de l’histoire ». Le président américain s’est également engagé à « promouvoir le développement du rugby aux États-Unis et dans le monde entier de manière durable et humaine, sans aucune discrimination, quelle que soit la race, la nationalité ou la croyance », et a ajouté que le gouvernement américain s’efforcerait de « minimiser tout impact négatif des tournois sur l’environnement ».
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Premier marché du sport mondial, Les États-Unis vivent pour le football américain, le basket ou encore le baseball. Pas facile de se faire une place dans ce milieu hyper concurrentiel aux ligues et franchises majeures, d’autant que les coupes du monde de rugby sont généralement organisées en septembre, en même temps que la reprise de la NFL et du football universitaire aux États-Unis. Les organisateurs n’excluent pas en conséquence de déplacer l’événement pendant l’été, même s’il doit avoir lieu quelques jours ou semaines après la fin des différents championnats nationaux, et les matches se jouer sous des températures élevées. « Nous devrons être intelligents. Pourquoi également ne pas envisager des partenariats avec certaines franchises de NFL concernant l’organisation ? », se demande Alan Gilpin, directeur général de World Rugby.
La diffusion TV sera le deuxième point d’interrogation, un créneau là aussi hyper concurrentiel aux États-Unis, d’autant que les matches de Major League Rugby ne sont, pour l’instant, que très peu visibles avec seulement quelques affiches diffusées sur la télévision nationale (Fox Sports). La majorité des rencontres sont accessibles gratuitement en streaming sur internet.