Il est servi rôti avec un bouillon, emballé dans une feuille de chou, baigné dans des légumes, en velouté, en salade, en terrine : le poulet, c’est la star du restaurant Le Coq Rico, qui a ouvert le 11 mars dans le quartier d’Union Square, à New York.
Enfin, la vraie star du Coq Rico, c’est plutôt son chef : Antoine Westermann. Une des figures de la gastronomie française, qui possède quatre restaurants à Paris, dont Drouant, célèbre pour rassasier la crème de la littérature française.
Ce chef alsacien est devenu légende avec sa première table, Le Buerehiesel, situé dans le parc de l’Orangerie à Strasbourg et triplement étoilé par le guide Michelin en 1994. Des étoiles qu’Antoine Westermann a retourné à l’envoyeur en 2006, avant de céder l’institution à son fils.
Si Antoine Westermann a déjà officié comme chef consultant aux Etats-Unis (en particulier pour le Sofitel de Washington), c’est la première fois qu’il y ouvre un restaurant. Pour cela, il s’est allié à l’Alsacien Francis Staub, monsieur cocottes en fonte, qui a mis ses billes dans l’affaire.
Antoine Westermann a pris un appartement à quelques blocs du Coq Rico, et compte désormais vivre entre Paris, la Drôme et Manhattan. “J’aime beaucoup New York, la mentalité des gens ici, il y a un tas d’atouts”, dit-il.
L’ouverture du Coq Rico (“The Bistrot of Beautiful Birds”) a mis près de deux ans – la faute à des travaux plus longs que prévus dans un bâtiment classé. Le restaurant est à l’image du Coq Rico de Paris, un bistrot qu’Antoine Westermann a lancé rue Lepic en 2012.
Pour cette première incursion new-yorkaise, le chef a vu grand : le petit frère américain est trois fois plus grand que celui de Montmartre. Certains membres de l’équipe ont traversé l’Atlantique, et la carte est très similaire, mais les poulets n’ont pas fréquenté les mêmes basse-cours.
“Tous mes produits sont américains. On trouve des poulets aussi bons que ce qu’il y a en France”, martèle Antoine Westermann, qui s’est fait aider dans sa quête par Ariane Daguin, la fondatrice de D’Artagnan.“J’ai loué une voiture, et je suis parti visiter des fermes de la région de New York, de Pennsylvanie, découvrir ces races de volailles que je ne connaissais pas.”
Même le fois gras est d’ici. “Hier, il y a un client qui m’a dit : j’ai mangé votre foie gras, et je l’ai trouvé meilleur que celui du Vieil Ami [l’un de ses restaurants à Paris]. J’ai répondu : oui, c’est parce que c’est du foie gras américain ! Il n’en revenait pas”, dit en riant Antoine Westermann.
Dès l’ouverture, il y avait du monde le soir dans la salle sobre et chic du Coq Rico, habillée toute de noir et de blanc. “Beaucoup d’Américains sont venus parce qu’ils connaissent le Coq Rico à Paris. C’est étonnant le succès que peut avoir un restaurant de 40 places !” Le midi, c’est encore un peu plus calme.
Nous avons pu tester le menu à prix fixe servi à midi (entrée-plat-dessert). Pour 38$, vous avez droit à un rafraîchissant oeufs-mayo au poulpe, un excellent poulet “Brune Landaise” élevé dans une ferme mennonite de Pennsylvanie, avec une peau craquante, accompagné d’un bouillon clair et d’une salade frisée assaisonnée comme il faut.
En dessert, un assortiment à tomber (sorbet maison à l’ananas, financier et salade de fruits aux épices), ou une île flottante à la crème anglaise traitresse : un très bon rapport qualité/prix.
A déguster dans la salle, ou mieux, le long du comptoir en marbre noir, face à la cuisine ouverte. On peut y observer le va-et-vient des toques blanches, et les poulets dorés embrochés tournoyer dans la rôtisserie.