On pensait le glanage – récolte des produits agricoles restant une fois la moisson effectuée – désuet… Mais c’était avant le réveil éco-responsable. Un couple de franco-américain, Noémie Taylor et Jason Rosner, a décidé de mettre en valeur cette pratique moyenâgeuse. Depuis le mois de mai, ils proposent CoPious, des paniers de légumes et fruits de saison, locaux et biologiques, à récupérer une fois par semaine.
“Nous cherchions du bio, mais sans emballage ; et nous avions été déçus par nos précédentes tentatives d’AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne- CSA, ou “Community Supported Agriculture” aux Etats-Unis) dont les légumes n’étaient pas particulièrement savoureux et les prix élevés (45 dollars le panier)”, constate Noémie Taylor, journaliste pour La Croix et Courrier International à Los Angeles. Le concept est alors né d’une rencontre fortuite. En passant en vélo dans le quartier de Highland Park (est de la ville), les yeux du couple sont attirés par un jardin immense et des paniers de fruits et légumes vendus à petits prix.
Conquis par les tomates, ils engagent la conversation avec la propriétaire, qui se fait appeler “Stormie Art“. Cette Native American se définit comme une glaneuse, récupérant les invendus des locaux pratiquant une agriculture biologique sur les meilleurs Farmer’s Market de la ville (Santa Monica, Beverly Hills). “Elle avait du mal à se faire connaître, et j’avais l’idée de démarrer une AMAP depuis longtemps”, raconte Noémie Taylor, qui a été séduite par le glanage, “une pratique qui permet de diminuer le gaspillage alimentaire”. De cette rencontre découle un partenariat. Jason Rosner, qui est rabbin, déniche un lieu pour proposer les boîtes (à $25 pour 10 à 12 pounds et $36 pour 18 à 22 pounds), Temple Beth Israel, la synagogue de Highland Park. Chaque semaine, ils en préparent entre dix et vingt (à commander en ligne, sans abonnement), qui conquièrent de plus en plus d’habitués.
Au delà de la lutte contre le gaspillage, CoPious aspire à initier les consommateurs à la saisonnalité de l’agriculture et à sa diversité. Des fruits rares, comme les jujubes, les dragon tongue bush beans (pois rouges), les tomatillos ou les lemon cucumbers (concombre rond) se retrouvent ainsi dans les paniers. “Ca permet de réfléchir à nos habitudes de consommation, de se reconnecter à la terre”, plaide Noémie Taylor, qui incite à composter les légumes non consommés ou sécher les poivrons pour les transformer en harissa -des conseils dispensés dans la newsletter de CoPious.
Leur penchant pour l’écologie n’est pas nouveau. Mais il s’est intensifié depuis que Noémie Taylor s’est expatriée aux Etats-Unis, où il y a beaucoup de gaspillage. “Il n’y a qu’à voir le nombre de sachets de ketchup qui finissent à la poubelle”, argue la journaliste qui a converti son époux, se débarrassant notamment du plastique dans leur quotidien et fabrique leur lessive. “D’autant plus qu’à Los Angeles, on ne trouve pas de magasins avec les produits en vrac ; ou ils sont très chers.” Professionnellement, son engagement est également entier, la correspondante multipliant les sujets sur l’environnement pour des médias français. “J’ai envie de creuser les sujets sur la chaîne alimentaire.”
Une partie des fonds récoltés par la vente des paniers est reversée à des associations écologiques ou permet d’animer la communauté “Co-Pious” avec des conférences sur le “zéro-waste”.