“Saviez-vous que la Californie et la France sont les deux économies du monde qui produisent les plus faibles taux de gaz à effet de serre?”. Alors qu’il s’apprête d’ici quelques jours à s’envoler pour Paris, à l’occasion de la grande conférence mondiale sur le climat de la COP21, du 30 novembre au 11 décembre, le sénateur californien Kevin De Leon ne tarit pas d’éloges sur les modèles climatiques français et californien.
“La France a fait des efforts formidables dans le domaine de l’écologie” estime-t-il. “Elle partage aujourd’hui de nombreux points communs avec la Californie. Votre pays a notamment fait de gros progrès en matière de technologies et d’emplois verts (ndlr: le ministère de l’Ecologie a promis la création de 100.000 postes d’ici 2017), même si votre économie demeure encore largement basée sur le nucléaire, ce qui n’est pas le cas de la Californie”.
Un bilan mi-figue mi-raisin
Selon une étude réalisée par le think-tank américain Next 10, publiée en mai 2015, l’économie française serait la plus faible productrice d’émissions de gaz à effet de serre par dollar de PIB dans le monde, juste devant la Californie. L’Hexagone est aussi le deuxième pays du G20 (derrière l’Angleterre) ayant le plus réduit son intensité carbone, en baisse de 9,1%.
Pour autant, la France a encore du chemin à parcourir concernant son empreinte carbone par habitant qui s’élève à 10,6 tonnes, en légère progression par rapport à 1990 et bien au-delà des 2 tonnes par Terrien qui doivent être atteintes d’ici 2050, pour maintenir le réchauffement planétaire sous le seuil des 2°C.
Une législation verte ambitieuse
De son côté, la Californie entend bien jouer son rôle de locomotive verte lors de la COP21. “Du Mexique à la Chine, en passant par l’Europe, c’est la planète toute entière qui nous regarde. Nous sommes LE modèle environmental par excellence” insiste le sénateur démocrate qui se bat depuis plusieurs mois pour faire adopter une législation verte encore plus restrictive dans le Golden State.
Début octobre, la Californie a fini par adopter cette loi ambitieuse dont la mesure phare stipule que la moitié de l’électricité produite par l’Etat devra provenir d’énergies renouvelables d’ici 2030. En revanche, sous la pression de grands groupes pétroliers, l’une des mesures les plus draconiennes visant à réduire la consommation d’essence jusqu’à 50% d’ici 2030, a été abandonnée.
Croissance verte
Le sénateur de Leon, co-auteur de cette mesure, ne s’avoue pas pour autant vaincu. “L’une des principales réticences face à la lutte contre le réchauffement climatique est liée à la peur d’un ralentissement économique. Or, la Californie, qui est aujourd’hui la 7e puissance économique du monde et la championne des emplois verts, a prouvé que l’on pouvait à la fois réduire les émissions de gaz carbonique et préserver la croissance”.
De 1990 à 2012, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 25% par habitant en Californie, tandis que le PIB par tête a augmenté de 37%.“C’est un argument de poids, qui pourra, je l’espère, avoir un effet d’émulation lors de la COP21” souligne le sénateur, qui est par ailleurs convaincu que “le changement se jouera à l’échelle inter-régionale”, plus qu’au niveau des nations. En juillet dernier, la région Rhône-Alpes a montré l’exemple en signant, aux côtés de l’Ecosse et du Pays-Basque, l’accord “Under 2 MOU” contre le réchauffement climatique, déjà adopté par 14 autres régions, dont la Californie et le Québec.
Démocratiser la lutte contre la pollution
Issu d’un quartier pauvre de San Diego, le sénateur est aussi convaincu que l’écologie doit d’abord cibler les communautés défavorisées, principales victimes du réchauffement climatique. “A l’avenir, les plus riches seront les plus à même de pouvoir lutter contre la pollution. A Paris, j’imagine que vous trouvez déjà plus d’hybrides dans les beaux arrondissements qu’en banlieue !” souligne-t-il.