Le week-end dernier, Laurent Fabius a sauvé le monde. C’est en tout cas ce que semble penser la presse américaine.
Le ministre, qui président la 21e Conférences des Parties (COP), est désigné comme l’architecte principal de l’accord qui est sorti, samedi, des négociations entre près de 200 pays visant à limiter les effets du changement climatique. Selon l’agence américaine Associated Press, “la France est vue comme l’inventrice du concept de diplomatie moderne, et cette conférence a prouvé que le pays était toujours maître dans cet art. Les autorités étrangères ont mis en avant le rôle de Fabius dans le succès de ces discussions, multipliant les éloges sur lui et la France, qui a un corps diplomatique plus petit que les Etats-Unis et la Chine. ”
Le Washington Post abonde. Pour le quotidien américain, le rôle joué par Laurent Fabius a été déterminant. Le locataire du Quai d’Orsay et Laurence Tubiana (ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique) ont “tenu fermement les rênes des procédures pour éviter que des disputes mineures ne deviennent des révoltes, comme cela s’est produit dans le passé” . Il faut dire que “le prestige français” était en jeu, selon le journal.
Le site américain Wired consacre, pour sa part, un portrait au ministre des Affaires étrangères, utilisant une drôle de formule pour le décrire: “le gangster des négociations non-stop sur le climat” . Selon le site, le succès de la COP 21 reposait sur “la capacité de Laurent Fabius à faire plaisir à tout le monde, chose qu’il n’a pas toujours réussi à faire. Pour commencer, il est riche, ce qui est un problème quand on est membre du parti socialiste dans le Paris prolétaire” , écrit le journaliste avant d’égrener les revers qu’a connus celui qui fut “le premier ministre le plus jeune de France” , dont le dossier du Rainbow Warrior.
Mais selon le site, Fabius, qui ne connaissait rien au changement climatique en 2012, s’est formé. “Cette préparation, alliée à des décennies d’expérience politique, a payé” .
“En se promenant dans Paris, on voit beaucoup de statues. Des personnes qui ont gagné des guerres, construit des alliances, fait des chefs-d’œuvre. Avec le recul, il y aura peut-être une statue pour l’homme qui a aidé à sauver le monde.”
A défaut de sauver le monde tout de suite, l’accord fait du bien à la France, quelques semaines après les attentats de Paris si l’on en croit le New York Times. “Le monde est devenu habitué à voir les officiels français à la télévision annoncer des informations graves sur les attaques terroristes, le bilan des morts et les raids de la police. Mais, samedi, le monde entier a vu les leaders français faire quelque chose de complètement diffèrent: sourire, s’enlacer, célébrer…” selon le quotidien, pour lequel l’accord a donné “l’opportunité à François Hollande et Laurent Fabius de briller sur la scène internationale” malgré le manque de résultats sur le front de l’emploi.