Ses oeuvres sont uniques, et il semble évident que Didier Massard était fait pour cette carrière. Il ne se pré-destinait pourtant pas à cette voie-là, mais le loisir deviendra une passion, et cette passion un véritable métier. Venu de la photographie de mode et de publicité, il s’est petit à petit mis à créer des paysages chez lui à partir de rien afin de les photographier d’un point de vue précis. Regarder l’oeuvre d’un autre point de vue enlève sa magie, la déconstruit. Incompris en France où les parisiens ne savaient pas dans quelle case le mettre, il est repéré par une galleriste New yorkaise, Julie Saul, très intéressée par son travail qui a un nom outre-atlantique: “Constructive pictures“. Elle souhaite l’exposer. Il accepte mais ne se rendra pas dans la Big Apple, convaincu que cette expérience ne mènera à rien. C’est presque les larmes aux yeux qu’il lira un papier de Roberta Smith, critique sévère mais réputée du New York Times, révélant son admiration pour le travail du français. Sa vie va changer. “J’ai été surpris, car pour moi New York était l’avant-garde et brusquement je rencontrais des gens sensible à ma démarche romantique et poétique explique Didier Massard, alors qu’en France on m’avait dit que c’était démodé. Et Robera Smith m’a énormément touchée” conclu-t-il. Tout s’enchainera. Le succès à Paris, les collectionneurs désireux d’acquérir ses oeuvres, une reconnaissance qui le touche.
Le travail de l’artiste est minutieux, d’une grande précision et en perpétuel changements: “Je pars de rien pour créer un paysage, comme un écrivain face à sa page blanche” raconte Didier Massard. Travaillant chaque fois dans le même espace blanc dans son atelier, il le remplit gré de son imagination débordante, avec des bribes d’un paysage en tête, mais jamais une image déjà acquise au départ: “il faut laisser l’oeuvre évoluer avec le temps, car suivre un programme serait très ennuyeux. Laisser une part de mystère ouvre tant de possibilités” explique l’artiste, passionné. Le décor, l’éclairage et les distances sont mesurés pour un oeil, un témoin précis: l’appareil photo. Toute la perspective est construite pour cet oeil-là. Le résultat est bluffant. Une oeuvre prend à son créateur environ 6 mois de travail.
Ce passionné a appris avec les plus grands, en les observant à la cinémathèque où il travaillait après avoir eu son bac de philo. Il verra de nombreuses expositions et films qui ont formé son oeil. Il apprendra beaucoup grâce notamment au cinéaste George Mélliès, capable d’inventer tout manuellement, de la machine à projeter aux effets en passant par la peinture sur pellicule ou les décors. “Entre magie et cinéma” raconte Didier Massard, imprégné par ces génies créatifs. “Et dans mon travail j’ai une réflexion du même ordre concernant les effets optiques et manuels” continue-t-il.
Didier Massard est présent à New York via deux expositions: Tout d’abord le MAD, qui expose plusieurs artistes dont le français, mais aussi à la FIAF Gallery ou le public pourra voir une rétrospective de ses oeuvres. Anciennes et nouvelles, une douzaine de photographies sont visibles afin que vous vous rendiez compte du travail de l’artiste si vous le le connaissez pas encore.
L’une des oeuvres les plus intéressantes est actuellement au MAD Museum et s’intitule “The Monkey”. Vous y verrez non seulement la photographie mais aussi et surtout l’oeuvre en elle-même, le paysage miniature avec la reproduction faite main par l’artiste. Véritable succès, il s’agit d’une pièce dont il doutait pourtant à la base: “je me suis lancé en disant “si tu réussis la tête, tu continues”. J’ai réussi la tête, donc j’ai continué en disant “si tu réussis les mains, tu continues”, et ainsi de suite jusqu’à la fin” raconte Didier Massard, se comparant à Geppetto le créateur de Pinocchio, car son oeuvre, au final, ne lui appartient plus et prend vie dans le décor.
Quand? OtherWorldly: Optical Délutions and Small Realities au MAD, Du 7 juin au 18 septembre.
Didier Massard: Artifices au FIAF Gallery, du 9 juin au 5 juillet.
Où? MAD: 2 Columbus Circle, New York, NY 10019
FIAF: 22 East 60th St, New York
Combien? MAD: $15, $12 pour les étudiants et seniors, gratuit pour les moins de 12 ans.
FIAF: Gratuit
Pour plus d’information sur l’exposition au MAD, cliquez ici.
Pour plus d’informations sur la rétrospective au FIAF, cliquez ici.
0 Responses
Georges MéLiès…. Monsieur Salmon… Méliès n’avait qu’un L pour voler…
Amitiés Didier, et félicitations pour ces deux expositions.
Jean Barbier