Coco Queen, c’est plus qu’une histoire de volaille. C’est celle de deux femmes, Nathalie Dahan et Angelique Bohbot. “On est deux vieilles copines qui s’étaient perdues de vue et qui se sont retrouvées à Los Angeles”, résume volontiers Angelique Bohbot, la plus excentrique du duo. Leurs voies s’étaient séparées, chacune évoluant dans son domaine : le design d’intérieur pour Nathalie Dahan ; la mode pour sa comparse d’Avignon.
Mais c’est autour de la nourriture, “au coeur de notre culture juive”, qu’elles se retrouvent aujourd’hui. Elles ont ouvert le 4 juin Coco Queen, une rôtisserie à la française, à West Hollywood. “On veut devenir les ambassadrices du poulet”, raconte Angelique Bohbot. Avec ces poulets rôtis (kasher) – accompagnés de frites et de sauces maison-, elles concoctent des boulettes, un burger croustillant, des beignets de poulet dorés ou des salades, qui se dégustent à emporter ou sur place. Et le lieu veut transporter les clients dans le sud de la France, avec ses cageots et son épicerie fine remplie de tapenade, d’huiles d’olive et de paquets de lavande. “Les Américains connaissent Paris, mais pas le sud de la France. C’est un lieu atypique avec ses odeurs, ses couleurs, ses marchés, son côté sauvage et convivial”, selon Angelique Bohbot.
Directrice artistique pour des marques de vêtements (Kaporal, Le Temps des Cerises et Ed Hardy) pendant plus de 20 ans, cette dernière s’est distinguée par son univers particulier, autour du cirque, du burlesque et du cabaret. “J’ai créé des collections, scénarisé des défilés, travaillé avec le photographe David Lachapelle…”, égrène cette mère célibataire. “Mon moteur a toujours été de faire rêver les gens, de les sortir de leur train-train quotidien.” Mais depuis quelques années, le coeur n’y était plus. “Je trouve la mode uniforme, tout le monde est dans le même moule. Les valeurs ont disparu, on voit du Vuitton en plastique”, regrette celle qui se revendique de la génération Coco Chanel et Yves Saint-Laurent. Elle émet alors le voeu de changer de métier, mais sans trop savoir que faire.
Pour Nathalie Dahan, qui vit avec Angelique Bohbot pendant plus d’un an après son divorce, le même ras le bol professionnel s’exprime. Ces battantes, qui élèvent seules leurs enfants, sont alors encouragées par leur entourage à se lancer dans la restauration. “Les gens nous connaissaient pour les dîners et fêtes qu’on organisait chez nous”, précise Angelique Bohbot, qui a baigné dans le milieu de la brasserie, sa mère possédant un bar dans le sud de la France. Elle pense alors à un lieu où son père l’emmenait petite, en Espagne. Un lieu qui ne faisait que du poulet et des frites, mais où les foules se pressaient. “Le poulet est un plat convivial et familial que tout le monde aime, une réminiscence des repas du dimanche”. Pour bien faire, elles ont emprunté les secrets de cuisson de leurs grands-mères.
Dès l’extérieur, Coco Queen surprend avec sa façade en pied-de-poule – un motif qui se poursuit au sol-, agrémentée d’une peinture murale originale de poulets à marinière et béret au fond du restaurant, de tables tricolores insolites ou de mobilier en bronze. Le résultat d’un an de recherche frénétique d’Angelique Bohbot, qui ont pris forme sous la houlette de la créatrice d’intérieur Yuna Megre. Les deux associés veulent développer Coco Queen en franchise. Le duo pense d’ores-et-déjà ouvrir des rôtisseries à Downtown ou Santa Monica. Et elles ont été approchées par des investisseurs de Dubaï et Singapour, friands de concepts français.
Avant d’en arriver là, elles s’attèlent à faire vivre ce premier restaurant, à organiser des événements, comme une “love bird night” pour un happy hour romantique ou des spectacles burlesques sont déjà dans les placards. Les deux amies ont aussi monté une fondation intitulée Love by Coco Queen, pour venir en aide aux femmes qui se retrouvent seules et sans confiance, après un divorce.