Toute petite, Julie Fabre se destinait à la danse classique et se voyait en petit rat de l’Opéra.
Problème: elle est grande. Son professeur de danse lui annonce d’emblée qu’elle ne sera jamais jeune première, à cause de sa taille. La vie avait cependant décidé qu’elle deviendrait une grande athlète, dans une autre discipline : la natation synchronisée. Elle est aujourd’hui la coach de l’équipe américaine. Depuis San Francisco, elle prépare les JO de Rio de 2016. Une belle revanche!
«Les circonstances ont fait que lorsque mon professeur de danse m’a détournée de cette carrière, j’ai rencontré à Nice, où je vivais, un coach de natation synchronisée. J’ai commencé très tard, à 11 ans, mais mes progrès ont été fulgurants.” Elle rejoint l’INSEP à 17 ans, puis l’équipe de France et participe aux JO d’Atlanta en 1996.
Julie Fabre est studieuse. Elle rêve, pour ses études supérieures, d’Histoire de l’Art. «Le problème lorsque l’on est athlète de haut niveau, c’est qu’on s’habitue à l’excellence, à vouloir être le meilleur dans tout. Mon emploi du temps, avec sept heures d’entraînement par jour, ne me permettait pas de pouvoir exceller dans mes études, c’est à ce moment que j’ai décidé d’entraîner à mon tour et que j’ai passé mon professorat de sport.»
Devenue entraîneur de l’Equipe de France en 2003, elle emmène les duo français aux Jeux Olympiques de Pekin puis aux Jeux de Londres. Mais avec les années, elle se sent freinée en France par un état d’esprit qui ne lui convient plus. «J’ai besoin d’être passionnée, et je ne l’étais plus, j’ai donc décidé de tenter l’étranger et j’ai reçu deux propositions : les USA ou le Brésil. San Francisco a gagné.»
Arrivée dans la Bay Area en octobre 2013, Julie Fabre découvre l’entraînement à l’américaine, qui est à double tranchant, explique-t-elle : «Il y a une énergie positive dans tout ici. Tout est possible. Les filles ne se plaignent jamais, elles foncent, elles sont belles, il y a un énorme potentiel ! En revanche, je découvre aussi que la France offre à ses athlètes des structures qui n’existent pas ici, alors que nous sommes quand même dans le haut lieu de la natation synchronisée des USA. Elles s’entraînent dans des piscines extérieures de high-school, même en plein mois de décembre par 0 degrés à 7 heures du matin, font leurs études en ligne et ne disposent pas de protection médicale. Quand on a connu l’INSEP c’est surprenant !»
Un potentiel que Julie Fabre est en charge de développer sur ses deux ans et demi de mission avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques de Rio en 2016.