Ne vous fiez pas aux apparences. Derrière son beau visage rond parsemé de petites tâches de rousseur, mêlées à des yeux bruns envoutants, Clémentine Desseaux, 27 ans, veut faire une révolution. Cette mannequin dite “grande taille” est bien décidée à faire faire tomber le diktat de la minceur dans le monde de la mode. « Je pense qu’il n’y a pas de raison que ça continue. Le monde de la mode a fait assez de femmes malheureuses, complexées et stressées. Je pense qu’il est temps que ça se détende. »
L’idée de devenir mannequin grande taille lui trottait dans la tête depuis ses 18 ans. C’est une campagne Mango en 2011 où posait la mannequin Crystal Renn qui lui a donné l’envie de se lancer. « Quand je l’ai vue, je me suis dis ‘wahou!’ elle est cool, elle est trop belle, elle me ressemble. J’aimerais bien faire ça ».
Pendant ses études en école de commerce, elle signe dans une agence de mannequins ronds à Paris : « on ne m’a presque jamais appelée, j’ai dû faire deux ou trois jobs en trois ans » dont une campagne pour Castaluna, une marque de vêtements grandes tailles. Il y a quatre ans, elle plaque son job dans le marketing, son travail, son copain, sa vie parisienne et part s’installer à Miami.
Elle tombe un mois après son arrivée sur l’annonce d’un concours d’American Apparel qui cherchait « des mannequins grandes tailles ou atypiques ». Elle envoie des photos. Elle est sélectionnée et part à Los Angeles faire le shooting (ci-dessous). Sa carrière américaine commence.
Depuis deux ans, elle vit à New York et enchaîne les contrats. Elle a signé avec deux agences américaines, Muse et Dorothy Combs, et travaillé pour de grandes marques comme H&M, Macy’s et la Redoute. Des clients prestigieux qu’elle n’aurait probablement pas eu en France. « Ici il y a du mix, les grandes agences de mannequins ont à la fois des mannequins ronds et des mannequins skinny. En France, très peu d’agences font les deux” .
“On mange (…) Ça change tout !”
Plus que simple mannequin, elle veut être la porte-parole d’une cause qu’elle est bien décidée à faire entendre. « Au-delà de l’image, je me suis rendue compte de l’impact que ça avait sur les femmes, le message que ça envoyait (…) Je reçois plein de messages positifs. Toutes les filles me disent que ça a changé leur vision de la mode, de leur corps ».
C’est avec humour qu’elle évoque les différences entre les mannequins rondes et les mannequins qu’elle appelle “skinny” : « Les mannequins rondes, ça rigole, ça fait du bruit, ça papote. De l’autre côté, il y a les skinny qui ne parlent pas, font la gueule et sont sur leurs téléphones (…) On a les mêmes critères que les mannequins normaux, la même passion, c’est juste que la taille change et qu’on mange, donc on est plus heureuses. Ça change tout ! ».
Cette jeune femme pulpeuse, bien dans sa peau, est bien décidée à afficher l’image d’une femme épanouie qui mange et accepte son corps tel qu’il est. Un message qu’elle a à coeur de répandre en France où le mannequinat rond est encore très peu développé. Selon elle, la France est le pays où les mannequins sont les plus minces. Et il n’y a aucun défilé de rondes à la Fashion Week de Paris alors que celle de New York en a compté quatre l’automne dernier.
Mais les magazines féminins, qui ont longtemps perpétué le règne de la minceur, évoluent. « J’étais à Paris il y a deux semaines et j’ai eu des propositions d’interviews avec des magasines féminins. Avant, ils ne voulaient pas parler des rondes. Mais ils se sont rendus compte qu’il y avait plus de lectures dès qu’ils faisaient un sujet sur la grande taille. Ils se rendent enfin compte qu’il y a une audience.»
Mannequin et business woman