Ce n’est pour dire vrai pas la première fois que Claude Debussy est mis en scène à New York. C’est d’ailleurs après le succès de Pelléas et Mélisande joué au FIAF en 2005 que nos deux passionnés ont eu envie de recommencer : « Le public américain aime beaucoup l’opéra et recherche aujourd’hui des choses pointues ». Et depuis leur arrivée à l’OFNY en 2001, « l’opéra alternatif » s’est imposé comme une signature de l’institution ; l’idée d’un pont culturel transatlantique comme sa marque de fabrique. Ce dernier opéra en est l’exemple même : Jean-Philippe et Olivier sont allés chercher le baryton Phillip Addis au Canada et le pianiste américain Jeff Cohen à Paris. Les textes sont chantés en français, mais la mise en scène est truffée de codes américains.
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L’histoire de l’œuvre elle-même résulte d’une « production d’entre deux mondes », comme dit Olivier. Quand il a présenté Pelléas et Mélisande en 1908, Debussy a fait couler beaucoup d’encre. Son style avant-gardiste du « parler chanter » révolutionnait le langage opératique d’alors. Ce scandale lui a pourtant valu une commande du Metropolitan Opera : imaginer un opéra sur les écrits d’Edgar Allan Poe, cet auteur américain que les traductions de Baudelaire ont rendu célèbre en France. Debussy meurt avant de terminer de composer, et sa fille sémera à tout va les partitions de l’opéra inachevé en hommage à son défunt père. Admirateurs convaincus, Jean-Philippe et Olivier ont voulu relever ce défi d’imaginer ce qu’aurait pu être la suite de Pelléas et Mélisande. En pariant sur une mise en scène très « expérimentale » en 70 minutes, un décor moderne, un visuel très graphique et la chanteuse Ariadne Greif toute de dentelles noires vêtue…
On est loin de la « grande robe en velours rouge du théâtre classique », précise Jean-Philippe. Et c’est exactement ce que les deux directeurs artistiques aimeraient promouvoir au-delà de New York. Ils travaillent actuellement avec Opera America pour faire voyager les opéras français sur le continent. Mais leur registre peu conventionnel perce encore mal en dehors de New York : « Cette ville donne le ton, c’est prescripteur mais ça prend du temps » espèrent-il. En attendant une grande tournée à travers les Etats-Unis, les idées de projets fusent pour l’OFNY, qu’ils préfèrent assimiler à une compagnie qu’à une maison de théâtre. Notamment un Debussy Marathon en France et à New York d’ici 2012 : proposer aux « fans absolus » sur un weekend entier Pelléas et Mélisande, l’intégrale des mélodies puis La Chute de la Maison de Usher. Jouer une pièce de théâtre musicale tirée du roman de Jean Echenoz sur la fin de vie de Ravel, serait un autre rêve pour New York. Et comme le registre de l’OFNY est plus francophone que simplement français, Jean-Philippe et Olivier aimeraient faire venir deux compositeurs suisses. Franck Martin pour son opéra de chambre qui revisite la légende française de Tristan et Iseut. Et Arthur Honegger pour Les Aventures du Roi Pausole, une pièce « carrément érotique mais qui transpire d’influence jazzy ».
L’OFNY ne peut prévoir ses financements au-delà d’une année. D’autant que la frilosité des sponsors dans ce contexte de crise n’aide pas à envisager le long terme. Mais quand on leur demande s’ils se considèrent comme une antenne de l’Opéra de Paris, Jean-Philippe et Olivier préfèrent parler de « pont culturel », et n’entendent pour rien au monde se contenter de relier Paris à New York. Rendez-vous à la saison prochaine.
Vendredi 20 et Samedi 21 Novembre à 8pm au FIAF – Florence Gould Hall – 55 East 59th Street- Ticket Prices : FIAF Members $40 / Non-Members $50 – Plus d’INFO
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