Des milliards de cigales sont en train d’émerger dans le Sud et le Midwest des États-Unis pour un spectacle unique et sonore. D’après le Dr. John Cooley, entomologiste à l’université du Connecticut qui suit de près le phénomène, elles seraient même déjà arrivées en Alabama, en Géorgie et dans le Tennessee, aux alentours de Nashville.
Contrairement à leurs cousines françaises qui reviennent tous les étés, les cigales américaines, dites périodiques, apparaissent une fois tous les 13 ou 17 ans seulement. On recense aux États-Unis sept espèces de Magicicadas, comme on les appelle ici, dont les couvées (une quinzaine) émergent à tour de rôle suivant les années. Un phénomène pas si rare donc, puisque régulièrement, un groupe distinct émerge dans une zone donnée. Dernière apparition en date, en 2021, la couvée X avait envahi le quart nord-est du pays.
Ce millésime 2024 s’annonce pourtant exceptionnel, d’après de nombreux experts. En cause, non pas une, mais deux couvées prêtes à sortir de terre au même moment : celle du groupe XIII (cycle de 17 ans) et celle du groupe XIX (cycle de 13 ans), ce dernier étant le plus important en nombre d’individus. Une double émergence qui n’aurait pas eu lieu depuis 1803. Ce sont donc des milliards de congénères qui sont attendus, dans 13 États américains, du Michigan à la Louisiane, une zone, elle aussi, exceptionnellement étendue.
Ces insectes, qui grandissent sous terre en se nourrissant de racines, sortent des profondeurs lorsque le moment est venu pour eux de s’accoupler. En utilisant la température du sol, elles règlent leur horloge biologique et connaissent ainsi le moment idéal pour leur reproduction. Un voyage au grand air en forme d’apothéose puisqu’il n’a lieu qu’une fois dans leur vie. Mais, contrairement à la fable, une fois la bise venue, il ne sera pas l’heure de danser : « Les cigales sortent de terre pour se reproduire et pondre leurs œufs. Une fois leur mission accomplie, tous les individus du groupe meurent », explique le Dr. Cooley.
Si le spécialiste évoque avec humour le terme de « cigale-geddon » pour décrire ce cru 2024, pas de panique : aussi bruyantes soient-elles -leur chant peut atteindre jusqu’à 110 décibels, soit l’équivalent d’une tronçonneuse- elles sont totalement inoffensives. Aucun risque à les approcher, mais il recommande cependant de les laisser tranquilles et, de ne pas les déranger dans ce moment indispensable à la survie de leur espèce. « Les cigales sont essentielles pour la biodiversité et ne représentent aucun danger pour l’humain » affirme-t-il en conseillant aux personnes indisposées de prendre leur mal en patience.
En attendant, une bonne paire de boule Quilès et une dose de patience feront l’affaire, et tout devrait être fini dans quelques semaines. Une année 2024 qui restera dans les annales, mais selon John Cooley, ce n’est qu’en 2076 qu’aura lieu l’invasion du siècle. En effet, les couvées XIV et XIX, qui sont techniquement les deux plus importants groupes, devraient alors émerger en même temps.