Née à Toulouse, “entourée dans la maison” de deux guitaristes de jazz, le père et le frère, c’était écrit : Christine Capdeville tomberait dans la marmite jazz. Après un rapide passage par la six cordes et son apprentissage du piano, elle arrive à New York au milieu des années 1990, forte de sa passion. Aujourd’hui elle sort “Vision of love”, son premier album solo. Neuf morceaux aux thèmes résolument romantiques dont sept compositions personnelles et deux adaptations de classiques, “Vision of love” est un séduisant premier album. Quarante minutes de musique qui résonnent comme un manifeste et une déclaration d’amour pour le jazz, la musique afro-cubaine et brésilienne.
Il paraît que ce sont les jazzmen qui ont inventé cette expression pour nommer New York : The Big Apple. De la peur de ces musiciens de jouer dans la capitale. La trouille quoi! Les boules… Ce serait donc à New York City entourée de musiciens du cru -dont certains nominés ou gagnants de US Music Award- que Christine Capdeville donnerait le jour à cet album.
L’opus s’ouvre sur le titre éponyme, un titre à la facture élégamment jazz. Du meilleur goût. On pense aux classiques du jazz vocal américain. Ses modèles : la grande Ella bien sûr, Sarah Vaughan ou Anita O’Day. Mais avec la Toulousaine, Cuba n’est jamais très loin et Eddie Palmieri ne renierait pas le thème de “You lost a friend”, surtout son final volcanique. Eh oui! Les histoires d’amour finissent mal en général!!! Y accéder est même souvent encore plus difficile. “Craving your love” implore superbement sur un rythme swing. Incorrigible amateur de pop et de rock, je ne peux pas m’empêcher d’entendre dans ces chansons la voix blanche jazz de Tracey Thorn, chanteuse de Everything But The Girl, lorsque le duo chic british du début des années 80 s’essayait aux essentiels comme “Night & day”.
Mais de ses débuts new-yorkais sous influence d’acid jazz dans le milieu des 90’s, Christine Capdeville a gardé le goût pour les tempos plus groovy et le contre-temps funk. “Change your heart” vous donne des envies de dance-floor. Très suave. Surtout dans ce dénouement en forme de samba sur le refrain. Dans “Providencia”, basse et batterie s’entrelacent, le piano électrique nous rappelle la meilleure soul des 70’s, à la Donny Hathaway; pendant que voix et trompette font question-réponse. Les inflexions vocales nous rappellent la pop jazzy de Sade; sans la lourde production 80’s calibrée pour la radio FM. Car il y a de la soul dans le jazz de Christine Capdeville et du jazz dans ses mots.
“Shabadabada…”
Le monde de Christine Capdeville est métissé. Comme ses musiciens, comme les genres qu’elle aborde et les langues dans lesquelles elle chante. Majoritairement chanté en anglais, le français résonne soudainement dans “Vision of love” avec le très mellow “Rêveries”. Comme une mise en bouche, la bossa de “So close” annonce l’adaptation d’un classique de Carlos Jobim et Vinicius de Moraes plus loin, “Chega de saudade”. Son scat est définitivement un scat mais c’est bien en portugais qu’elle chante la chanson… Alors si selon mes amies américaines, le francais est la langue de l’amour -si, si elles me le disent!!! dans les bars. downtown….- mais qu’est donc le brésilien!?!!
Comme Nougaro, son héros de Toulouse, elle apprécie l’exercice de style qu’est la reprise. En toute humilité. “Il a crée son propre style. Non seulement c’était un excellent musicien mais il avait l’abilité de créer une ambiance particulière”. Et d’ajouter : “Il suffit d’écouter l’arrangement qu’il a fait de “Berimbau”; son titre francais “L’amour sorcier” est très impressionnant. Non seulement c’est techniquement très difficile a chanter mais il arrive a faire coller des mots français et créer une histoire qui nous prend” s’enflamme Christine. “Et même chose avec “Blue Rondo à la Turc” de Dave Brubeck”.
L’émule toulousaine devenue new-yorkaise met les leçons en pratique avec un final résolument jazz, le superbe classique “These foolish things”. Et tellement ro-man-ti-que! J’entends des shabadabadas et des bulles de champagne… Allez! Moi ça m’donne envie de me trouver un date pour vendredi, d’acheter une bouteille de champagne et des fraises…
Pour plus d’infos et se procurer le cd : www.christinecapdeville.com ou www.myspace.com/christinecapdeville
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Christine is my girl! you forgot to mention that she is playing tonight wednesday 21st at the Zinc Bar for the release of the album you reviewed. 7pm. LaGuardia and Houston. come and enjoy live jazz! Fatima