Chloé Trujillo, née de parents stylistes de mode, a toujours peint et dessiné.
Elle se faisait reprendre régulièrement par ses professeurs qui n’appréciaient guère de la voir illustrer ses cahiers de classe. « Je dessinais sur tout ce qui me tombait sous la main. C’est pourtant ainsi que mon cerveau absorbait le mieux le cours », dit-elle en riant.
Arrivée à New York il y a douze ans, Chloé Trujillo a vécu le 11-Septembre. Elle était alors chanteuse dans une comédie musicale dans la Grande Pomme.
Fin 2001, elle décide de quitter l’Est pour Los Angeles. Elle rencontre son mari, avec lequel elle a deux enfants. Il se trouve que Robert Trujillo n’a pas un métier comme les autres : il est le bassiste du groupe Metallica. Installés à Paris pour une tournée européenne de trois mois, ce dernier reçoit une guitare en bois nu et demande à sa femme de la personnaliser. En faisant du rangement dans ses affaires d’enfance dans la cave parisienne de son père, Chloé Trujillo remet la main sur son kit de pyrogravure. Elle décide alors d’utiliser ce fer qui permet de dessiner en relief sur le bois pour décorer la basse de son mari. Elle y dessine les motifs du calendrier aztèque, en l’honneur des origines de Robert Trujillo. Celui-ci, conquis, emmène l’objet en tournée et l’instrument fait des émules. Depuis, Chloé Trujillo reçoit régulièrement des commandes de la célèbre marque de basses allemande Warwick. “C’est ainsi que mon travail sur des objets a commencé“.
Si son art se développe sur toutes formes de supports, il était logique qu’en tant que Californienne, vivant entre Los Angeles et San Francisco depuis plus de dix ans, les planches de surf deviennent l’un d’eux. Le directeur de Billabong lui propose, lors d’une rencontre à Biarritz, de faire un essai et de décorer des planches de la marque australienne. Quelques mois plus tard, elle reçoit chez elle trois planches de surf. « J’ai été surprise car cette discussion datait de plusieurs semaines et je n’y pensais plus vraiment », dit-elle, riant et repensant à sa tête quand elle a vu les planches arriver.
La première planche qu’elle peint a une portée symbolique forte car, alors que Chloé Trujillo travaillait dessus, le surfeur légendaire Andy Irons a été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel à Dallas. Or, sans le savoir, elle a dessiné un jeune homme blond qui lui ressemblait. Cela a frappé Robert Trujillo, surfeur, qui fait le rapprochement tout de suite. Tous deux décident d’en faire don à une association en relation avec le surf et l’environnement. La planche est vendue aux enchères. Elle décore aujourd’hui le bureau du directeur de Billabong California qui l’a rachetée. Chloé Trujillo travaille actuellement sur sa sixième planche de surf.
Cette année 2012 est un tournant dans sa carrière d’artiste car ses toiles sont également devenues des accessoires de mode. Une partie de son oeuvre se retrouve en effet sur des foulards, disponibles chez Colette rue du Faubourg Saint Honoré à Paris. Une adresse prestigieuse pour une artiste généreuse.