Elle est une pionnière sur la glace américaine : Chloé Aurard est la première Française à prendre part au championnat réputé des États-Unis. Elle évolue depuis le début de la saison, en janvier, sous les couleurs de New York. Auparavant, seules deux autres compatriotes s’étaient illustrées à l’international sur le continent nord-américain : c’était dans le championnat canadien, et Marion Allemoz et Lore Baudrit avaient évolué sous les couleurs de Montreal.
Chloé Aurard, elle, réussit le tour de force de faire ses débuts alors que la toute nouvelle ligue professionnelle est lancée : elle s’appelle PWHL (Professional’s Women Hockey League) et réunit les six meilleures équipes du continent (trois des États-Unis, trois du Canada). « Je ressens beaucoup de fierté de représenter la France, confie la jeune femme de 25 ans au sortir d’un entraînement. Marion et Lore avaient déjà brillé en jouant au Canada. Me concernant, j’espère devenir quelqu’un que les plus jeunes regardent. J’aimerais les inspirer et qu’ils se disent en me voyant que c’est possible. »
La hockeyeuse est née près de Grenoble et a grandi à Villard-de-Lans (Isère). Elle est rapidement tombée dans le hockey – mais peu sur la glace. « J’ai très peu de souvenirs de mes débuts avec des patins, mais on m’a dit que c’était vers mes 3 ans, raconte-t-elle. Ma mère dit souvent que dès que j’étais sur la glace, je demandais à avoir une crosse dans les mains ». Ses parents étaient également hockeyeurs (niveau régional), son grand frère y a aussi joué, ainsi que sa sœur jumelle Anaïs, avec qui elle a sauté le grand pas en 2014, quand elle est venue étudier et pratiquer sa passion à la Vermont Academy, située à Saxtons River. « Sans ma sœur, je ne serais certainement pas venue, confie-t-elle. J’étais très excitée mais j’avais aussi un peu peur car j’étais très jeune (15 ans). »
Sa sœur n’a pas percé dans le hockey de haut niveau mais Chloé, elle, a continué de franchir les étapes, notamment à la Northeastern University, à Boston, où elle a brillé dans le championnat universitaire. « Les structures étaient incroyables, on avait notre patinoire avec notre propre vestiaire, notre salle de muscu, etc. », se souvient-elle.
Quand, à l’automne 2023, la PWHL est lancée, la Française est inscrite dans la toute première Draft de l’histoire du hockey féminin aux États-Unis. « On avait reçu un mail deux semaines avant à l’Université nous disant qu’on était plusieurs à avoir de bonnes chances d’être sélectionnées, dévoile-t-elle. Je n’ai pas voulu trop m’y fier mais j’ai commencé à y croire. » Le jour de la Draft, elle rejoint Toronto où se déroule la cérémonie. « J’étais assise sur la chaise à attendre mon nom, c’était le jour le plus long de ma vie. » Son nom sera finalement prononcé au 4e tour, en 21e position.
Après le Vermont et Boston, là voilà donc à New York, même si l’équipe est basée dans le Connecticut, à Bridgeport à la frontière de l’Empire State. Elle y déroule sa vie tranquille, faite d’entraînements, de matchs, et de quelques séances de coaching auprès des jeunes catégories du club. Titulaire dans son équipe depuis le début de saison, elle n’a pas encore pu marquer. « C’est très intense, aussi bien physiquement que mentalement, confie-t-elle. Mais je m’y suis bien adaptée. J’espère devenir ces prochaines années une joueuse qui compte, dont on parle. » Avec en ligne de mire les Jeux Olympiques d’hiver de 2026, qui se dérouleront en Italie, à Milan et Cortina d’Ampezzo.
Publié le 15 mars 2024. Mis à jour le 25 mars 2024.