Chirac perd la mémoire
Jacques Chirac ne sera pas présent à son procès. Après six mois de report, le tribunal correctionnel de Paris a repris en main le dossier des emplois fictifs ce lundi. Après avoir reçu un rapport neurologique, montrant son état de santé fragile, la cour a décidé de le juger en son absence. Selon ses avocats, il est inutile qu’il soit présent, car il ne pourra pas fournir un témoignage fiable. “Il n’est pas en état de donner des détails sur des évènements vieux de 20 ans”. A 78 ans, Jacques Chirac souffrirait notamment d’anosognosie, fait de ne pas être conscient de son affection, symptôme souvent lié à la maladie d’Alzheimer.
Pour certains cette soudaine faiblesse tombe au bon moment. L’état de santé de l’ancien président de la République pour le procès ne correspond pas vraiment à ce que l’on a pu voir dans la presse cet été. David Gauthier-Villars souligne, dans le Wall Street Journal, “qu’il a été vu en très bonne forme mangeant des moules en Bretagne ou buvant une bière à Saint-Tropez“. Une image internationale peu glorieuse pour notre ancien président qui peut rester sans problème assis aux tables des restaurants mais difficilement sur le banc des prévenus. Dans ce dossier Jacques Chirac est quand même accusé d’avoir autorisé la création de 28 postes fictifs à la mairie de Paris, pour financer le RPR dans les année 1990. L’ancien chef de l’Etat risque 10 ans de prison et 145 000 euros d’amende. Une peine non négligeable qui pose quand même une question “Chirac ruse t-il en prétextant des troubles mentaux?” comme le titre le National Post.
DSK rentre au bercail
L’ex président du Fond Monétaire International a regagné la France. Un retour remarqué dans son pays après les multiples rebondissements dans l’affaire de moeurs qui le retenait aux Etats Unis depuis le 14 mai. Steven Erlanger du New-York Times décrit la scène avec humour “ce n’était pas comme l’arrivée du pape, avec un baiser sur le tarmac, mais l’intérêt de la presse était aussi grand.” La France l’attendrait donc comme le messie, même s’il n’est plus en lice pour l’élection présidentielle, pas sûr. A peine descendu d’avion, Dominique Strauss-Kahn a été assailli par des dizaines de journalistes, mais l’heure n’est pas encore aux explications. Semblant soulagé et heureux de retrouver son pays, il est apparu avec un grand sourire, au côté de sa femme Anne Sinclair.
Mais pour le journal américain, le retour n’est pas si simple qu’il y parait. Même libre, “DSK regagne un pays encore très choqué, et perplexe sur la façon dont un potentiel président de la République s’est retrouvé dans une telle situation”. Aux yeux de tous sa reconstruction va être lente. Ses alliés du Parti Socialiste ont choisi leur candidat pour les primaires, où il n’a pas sa place, et il a été contraint de démissionner du FMI. De plus ses ennuis avec la justice ne sont pas complètement terminés aux Etats-Unis, et une procédure a commencé en France suite aux accusations de Tristane Banon. Sa vie normale ne reprendra certainement pas tout de suite. Reste deux questions auxquelles il va devoir très vite répondre souligne le New-York Times: “Que s’est-il passé au Sofitel de New-York? Et que va t-il faire en politique désormais?”.
La Courneuve fait peau neuve
Le New-York Times raconte ce Mercredi l’histoire sombre de la Courneuve. Balzac est la cinquième tour a y être détruite. Le quartier des 4000 était censé être un modèle de vie en communauté lorsqu’il a été imaginé et construit par Le Corbusier dans les années 1960. Mais en 2011, la drogue et la violence y sont présentes quotidiennement comme le rappelle l’article. La nécessité de rénovation du quartier est évidente. Plus de 40 milliards d’euros ont été débloqués pour reconstruire les “zones sensibles” comme les “4000”. Le plus important étant de ne pas refaire la même chose. Marie-Christine Vatov, rédactrice en chef de Innovapresse (magazine spécialisé dans l’architecture et l’urbanisme), explique que “la grosse erreur a été de croire que l’architecture avait un tel pouvoir de changement”.
La construction de nouveaux immeubles ne réduira pas la violence et le trafic de drogue, comme elle ne réglera pas le problème de l’éducation et du chômage. Scott Sayare du New-York Times souligne qu’il n’y a que 150 policiers permanents pour 37 000 habitants, et que le taux de chômage chez les jeunes est de 40%. Même si la tour Balzac était un endroit très convivial au début, “la mauvaise qualité de la construction a fait que l’édifice s’est vite dégradé, les ascenseurs ont cessé de fonctionner et les rats ont emménagés”. Les rénovations sont l’occasion d’essayer des régler les questions sociales mais la tâche n’est pas si facile. Scott Sayare finit en décrivant parfaitement le climat qui y règne: “La tour Balzac est détruite avec des grues et pas de la dynamite, car la police refuse de laisser des produits explosifs dans le quartiers de peur qu’ils ne soient volés.”