Cédric Vongerichten a l’habitude de travailler en famille. Chef exécutif de Perry St, le restaurant ouvert par son père Jean-Georges, il vient d’ouvrir avec sa femme Ochi un restaurant franco-indonésien dans le quartier de NoLiTa. Il répond au doux nom de “Wayan” (“premier-né” en balinais).
Et pour cause, c’est la première fois que le Français, qui a fait ses gammes dans le groupe de restauration paternel, ouvre un restaurant sans l’aide de son illustre parent. “Il m’avait déjà donné tout le contrôle de Perry St, explique-t-il. Mais avec Wayan, on voulait ouvrir notre propre restaurant, de zéro. C’est une très bonne chose d’avoir des années d’expérience opérationnelle, mais c’est autre chose de choisir les meubles, la musique, la lumière… Je respecte mon père encore plus car il a fait un paquet d’ouvertures !” explique Cédric Vongerichten, qui est né à Bangkok (Thaïlande) alors que Jean-Georges découvrait les saveurs de l’Asie dans les cuisines de L’Oriental.
Ochi et Cédric Vongerichten n’en sont pas à leur coup d’essai. Les tourtereaux, qui ont fait connaissance dans les cuisines de l’école culinaire CIA, ont ouvert l’an dernier deux restaurants à Jakarta, capitale de l’Indonésie, pays natal d’Ochi. Pour lancer Wayan, il se sont alliés avec leur ami Ezra William, un “socialite” indonésien d’à peine 30 ans, qui voulait “faire venir la cuisine indonésienne ici“, raconte Cédric Vongerichten. “Il n’y avait pas beaucoup de demande pour la cuisine indonésienne. On peut aller à Queens pour en manger mais peu de personnes le font“. “Nous voulons faire connaitre les saveurs de l’Indonésie“, abonde son épouse.
Le résultat: un restaurant chaleureux, riche en éléments décoratifs évocateurs de l’Asie, doté de 80 places répartis entre une salle principale à l’arrière, un comptoir qui donne sur la cuisine et un espace bar dans l’entrée. Le menu comprend de nombreux plats à partager, dans la pure tradition indonésienne, comme l’aubergine balado (sauce épicée de Sumatra) et des moules cuisinées dans le style de Jimbaran, une baie dans le sud de Bali qui fut un village de pêcheurs. Le tandem préfère prévenir: le menu de Wayan n’est pas de l’indonésien traditionnel. “Cela ne marcherait pas avec certains palais new-yorkais“, glisse le Français, qui assume vouloir partager sa “vision” de cette cuisine avec la clientèle. Les plats servis comportent des touches françaises ça et là, comme le gado-gado, une salade servie d’ordinaire avec des légumes bouillis et de la sauce aux cacahuètes. Chez Wayan, elle vient avec des avocats et de la sauce vinaigrette notamment.
Ochi Vongerichten, qui est passée par Per Se, Daniel et quelques restaurants de Jean-Georges avant de faire une pause pour s’occuper de leurs deux enfants, a goûté et validé tous les plats. “Wayan, c’est 60% Ochi, 40% Cédric“, sourit ce dernier.