Comme de nombreux Français aux États-Unis, la Covid-19 a poussé Olivia Chessé à se “ré-inventer“. Organisatrice des soirées multi-sensorielles Epicurean Nights à New York, à mi-chemin entre le spectacle immersif et la gastronomie, elle s’est lancée en avril dans une nouvelle aventure. Chefs for Impact, une plateforme à but non lucratif, vise à mettre en valeur les voix de chefs et d’acteurs du monde culinaire impliqués dans le manger sain et la promotion de la diversité et de pratiques responsables dans les cuisines.
“Avec la Covid-19, une prise de conscience s’est opérée et j’ai voulu y participer à mon niveau”, raconte la Française, qui travaille dans le milieu de la restauration et de l’hôtellerie depuis plus de dix ans. “On voit aujourd’hui un retour à l’agriculture locale et aux circuits courts. On pense que c’est quelque chose qui était acquis au sein de la haute-cuisine, mais cela ne l’était pas forcément. Par ailleurs, on assiste à une remise en question du modèle hiérarchisé et militaire des brigades au profit de dispositifs plus humains. On n’a pas besoin de hurler ou de rabaisser en cuisine ! La gastronomie durable, ce n’est pas uniquement les produits. C’est aussi les personnes qui les travaillent”.
L’objectif de Chefs for Impact: “mettre en avant des initiatives inspirantes de la part de professionnels, chefs, fermiers et autres, qui s’engagent pour un meilleur lendemain“, explique-t-elle. Le site comporte de nombreuses interviews de chefs-ambassadeurs renommés, comme l’Américain étoilé Dan Barber (Blue Hill), la Française Dominique Crenn (première femme à décrocher trois étoiles Michelin), le jeune prodige Flynn McGarry ou encore le chef de l’Élysée Guillaume Gomez, invités à parler de leurs pratiques éco-responsables, de leurs sources d’inspiration et de la manière dont ils traversent les turbulences de la Covid.
Chefs for Impact donne également la parole à des toques moins connues, dont des femmes et des fermiers ou chefs non-blancs, comme Yemi Amu, propriétaire nigériane d’une ferme urbaine à Brooklyn, la Chilienne Victoria Blamey (Gotham Bar & Grill) ou encore la cheffe pâtissière coréenne du bi-étoilé Jungsik, Eunji Lee. Un large éventail de portraits qui vise à montrer qu’une autre gastronomie est possible. “La haute-cuisine peut mieux faire pour devenir plus diverse, éco-responsable et inclusive. Les principes archaïques restent présents”, estime Olivia Chessé.
Cette dernière finance la nouvelle “non profit” avec la vente de produits de sensibilisation, dont un calendrier illustré par la Française Pauline Lévêque et destiné à être distribué dans les écoles pour éduquer les enfants sur les fruits et légumes de saison. Les fonds récoltés doivent permettre de monter des événements autour de la “gastronomie durable“. Avec sa casquette d’investisseuse, Olivia Chessé a d’ores-et-déjà mis des billes dans une future “ferme-école culinaire” qui doit voir le jour dans deux ans Upstate New York. “Cela va être une plateforme magnifique pour faire passer nos valeurs et sensibiliser le grand public“.