Depuis 2015, SOFRANCISCO s’est fait un nom chez les amoureux des étuis de téléphones luxueux: un design épuré, des cuirs aux couleurs vives ou pastels, souvent ornés d’un nom ou d’initiales. Charlotte Boëdec, sa créatrice, en a eu l’idée après l’achat d’un nouveau téléphone. “Le téléphone est un objet design qu’il faut protéger sans pour autant le cacher. L’étui en cuir que j’ai acheté à l’Apple Store était décevant: les couleurs manquaient d’originalité et le cuir s’est mis à peler au bout de deux semaines.”
Ingénieur cuir de formation, Charlotte Boëdec peut donc renouer avec sa spécialité en créant SOFRANCISCO: “L’ingénieur cuir est spécialisé dans les différentes étapes du tannage du cuir, de la peau brute au cuir. Mon rôle consiste à comprendre à la fois les contraintes techniques liées au design et les critères de qualité du fabriquant.” Une maroquinerie française accepte de suivre Charlotte Boëdec dans son aventure. “Ils travaillent pour Vuitton et Cartier, et avec moi, qui ne suis personne”, s’étonne-t-elle.
L’entreprise applique aux étuis la technique du gainage, qui consiste à coller un objet souple sur un objet dur, en l’occurence du cuir sur du plastique ABS qui résiste aux chocs. “J’avais fait des essais avec une entreprise américaine, qui fournit la marque Shinola, mais ils étaient décevants; cela m’a conforté dans l’idée que la maroquinerie haut de gamme est en France.” Le cuir vient d’Italie, le savoir faire est français, et l’étui est fabriqué en Chine pour garder des tarifs abordables. Charlotte Boëdec prévoit de lever des fonds pour déménager la fabrication en France, sans augmenter le prix du produit fini.
Les étuis SOFRANCISCO ont trouvé leur clientèle, principalement américaine et française. La possibilité de les personnaliser fait aussi la différence, et 80% des commandes le font. “La personnalisation est faite à San Francisco, par un petit atelier de maroquinerie français sur Clement Street.”
Dans un monde technologique en mouvement perpétuel, proposer des accessoires qui résistent à l’épreuve du temps n’est pas facile: “Dans la tech, on est vite obsolète. J’essaie de créer des modèles intemporels, tout en laissant place à la nouveauté. Par exemple, je reconduis des coloris, comme Hermès et son orange. Ma couleur phare, c’est le blush pink.”
Dans cette logique de pérennité et d’expansion, Charlotte Boëdec vient de relever un nouveau défi: lancer une ligne de sacs à main et de bracelets pour femme, baptisée “Camille”. La collection de sacs compte trois modèles: un cabas, une pochette et une gibecière, déclinés en bleu azur, caramel, ivoire, taupe ou magenta. “Les cuirs viennent d’Espagne, et chaque sac ou bracelet est fabriqué sur commande dans le Limousin, près de Limoges. La vente se fait uniquement en ligne. Ce modèle de production permet de garder des prix raisonnables pour des sacs qui ont la qualité d’un Gucci ou d’un Vuitton.“