L’administration Obama n’a pas attendu d’avoir en son sein un très francophile Secrétaire d’Etat en la personne de John Kerry.
Dès son arrivée à la Maison Blanche, le président démocrate s’est tourné vers le savoir-faire français pour ce qui compte vraiment: les petites attentions qui font les bons amis. “Lors du premier dîner officiel de Barack Obama, c’est nous qui avons fourni les boîtiers de cartes de visite remis en cadeau à tous les invités”, raconte Charles Doligé, patron de la filiale américaine de LR Paris, une petite société française qui a su se faire ses entrées à Washington.
En France, la société est connue des militaires: depuis sa création en 1959 par Jean Lemaire, elle fournit insignes et médailles, mais aussi foulards en soie aux armes des régiments. Petit-fils du fondateur, Charles Doligé avait d’autres ambitions. « Je voulais […] vivre mon rêve américain, raconte-t-il plus de dix ans après les débuts de l’aventure. J’ai décidé d’aller à Washington. Cela avait du sens car l’entreprise familiale travaillait déjà pour le gouvernement en France. » Le 11 septembre 2001, il est dans un avion pour la capitale américaine, où il a rendez-vous au Pentagone avec un général lorsque le pilote fait demi-tour sans explication. C’est à l’aéroport de Paris qu’il apprendra que le Pentagone vient d’être la cible d’une attaque terroriste.
De retour à Washington, Charles Doligé raconte qu’il a passé ses premiers mois à dormir sur un matelas par terre, «c’est difficile lorsque l’on arrive dans une ville où l’on ne connait personne.» Mais il va vite découvrir l’importance du « networking » aux Etats-Unis. Il rencontre une femme influente, épouse d’un général, qui lui ouvre les portes des cercles très fermés de Washington. Elle saisit l’occasion de montrer une cravate LR Paris à Laura Bush en personne. Six mois après son arrivée dans la capitale, Charles Doligé décroche sa première cliente de marque: l’épouse du Président Bush. « Ca a été le déclic. Quand vous travaillez avec le Président des Etats-Unis, c’est beaucoup plus facile d’approcher les autres. »
En plein “french bashing”, la petite maison française se fait sa place dans un Washington où dominent alors les “néo-conservateurs”. Mais puisque Mme Bush elle-même est une fan, les autres suivent. Les Secrétaires d’Etat Colin Powell puis Condoleezza Rice découvrent les charmes de la porcelaine de Limoges. Puis les adminstrations se succèdent et LR Paris demeure: des foulards pour une oeuvre caritative d’Hillary Clinton, Michelle et Barack Obama. Et enfin, le chef de la CIA lui-même, qui offre des cravates signées LR Paris.
C’est en racontant l’histoire familiale de son entreprise et en insistant sur le respect de la tradition artisanale française que Charles Doligé a séduit les Américains. Jusqu’ici en toute discrétion: «Pendant dix ans, nous n’avons jamais fait de marketing aux Etats-Unis, tout reposait sur le bouche à oreille. Cela va changer. LR Paris vient d’ouvrir des bureaux à New York. “Nous sommes prêts à lancer LR Paris auprès du grand public”. Prochaine étape, la création d’une ligne de produits LR. Paris.