Tous les mois, Isabelle Guglielmi, pharmacienne et fondatrice du blog santé Ameriksanté, nous explique ce que l’on trouve en pharmacie aux États-Unis et le système de santé américain.
Trouver des médicaments en vente libre un peu partout aux États-Unis, over the counter, on peut penser que c’est une chance. On peut aussi penser que si ces médicaments sont là, à disposition de tous en rayon, c’est qu’ils sont sans danger. Or si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que certains sont vendus avec ordonnance en France où il faut un avis médical et la prescription d’un médecin. Pourquoi cette différence ?
En général, il y a deux explications à cela. Le médicament en question présente soit des effets indésirables conséquents, soit une longue liste de contre-indications, soit les deux. Il se peut aussi que le médicament possède ce qui s’appelle une marge thérapeutique étroite : la dose active est proche de la dose toxique.
Il convient donc de faire attention à la posologie. Toutes ces raisons font qu’un médicament est vendu sous ordonnance en France. Pour d’autres raisons, peut-être économiques ou pratiques, la FDA, organisme chargé de la réglementation des médicaments aux États-Unis, a décidé de laisser ces médicaments en vente livre, ce qui n’est pas sans poser problème.
L’un des médicaments les plus problématiques est certainement l’Afrin, le nom de marque d’un spray nasal. Son principe actif est l’oxymétazoline, un vasoconstricteur. Il est indiqué dans la prise en charge des rhinopharyngites aigües et des sinusites, ainsi que des rhinites allergiques. Mais s’il est très efficace, la liste des contre-indications est impressionnante (antécédent d’accident vasculaire cérébral, diabète, problème cardiaque, thyroïdiens, etc). Il est totalement interdit en cas de grossesse et d’allaitement. En plus de ces contre-indications, il ne doit surtout pas être utilisé plus de 3 jours d’affilée, au risque d’avoir une perte d’efficacité mais aussi un effet rebond, c’est-à-dire, un retour des symptômes à l’arrêt du traitement. Donc il ne faut l’utiliser que sur une très courte durée, et ne pas l’associer avec un traitement décongestionnant par voie orale.
Toujours dans les sprays nasaux, le Flonase, un petit nouveau sur le marché de l’OTC (over the counter) est indiqué quant à lui, dans les rhinites allergiques : son principe actif est le fluticasone, un glucocorticoïde. Étant un corticoïde, il est à éviter en cas d’herpes, mais aussi sur une période trop longue. En France, il est inscrit à la liste 1, et ne peut être délivré que pour la durée de traitement mentionnée sur l’ordonnance.
Parmi les antiacides gastriques, certains sont commercialisés sans ordonnance en France mais en quantité restreinte (exemple 7 ou 14 comprimés pour éviter une prise sur une trop longue période – les conditionnements plus grands sont sur ordonnance), mais la majorité sont sous prescription stricte.
Ils sont sur ordonnance car ils doivent être soumis à un avis médical et, surtout, il ne faut pas les prendre sur un temps trop long. D’ailleurs dans le cas des inhibiteurs de la Pompe à proton, une des classes phare de cette indication, le VIDAL (bible des médicaments en France), précise : « La prise d’un inhibiteur de la pompe à protons pendant plusieurs mois expose à un risque de baisse importante du taux de magnésium dans le sang, de carence en vitamine B12 (…) une surveillance médicale régulière est recommandée en cas de traitement prolongé par ce médicament. ».
Exemple, on trouvera dans les rayons des pharmacies américaines (pardon des supermarchés) : les anti-histaminiques H2, avec son chef de fil historique, le Tagamet (cimetidine), le Pepcide ou le Zantac (famotidine). Les inhibiteurs de la pompe à proton, comme l’omeprazole : avec son nom de marque Prilosec (équivalent du Mopral français), le lansoprazole : Prevacid.
On retrouvera encore quelques autres médicaments, auparavant exclusivement sur ordonnance en France et qui sont passés en vente sans ordonnance, derrière le comptoir, mais avec des conditionnements à quantité restreinte, comme l’Imodium (loperamide) qui est un diarrhéique, et deux antiallergiques, Clarytine (loratadine) et Zyrtec. Ces médicaments sont donc à portée de main aux États-Unis : ils dépannent en cas de problème passager mais ne devraient pas être utilisés au long court.
Il faut donc rationaliser et savoir à quoi s’en tenir. S’auto-médiquer amène à faire des économies aux États-Unis, mais il faut aussi être conscient des effets indésirables de certains médicaments et de leur contre-indications. Il est impératif de savoir les utiliser et surtout de savoir les arrêter et de se rendre chez un médecin si les symptômes persistent. Ils ne doivent pas être donnés aux enfants sans avis médical ou, au moins, en adaptant la posologie. Lisez toujours les recommandations sur la boîte pour ne pas faire de surdosages.
Voilà un petit tour d’horizon. En creusant un peu plus, on retrouve aussi quelques collyres dans les rayons des pharmacies américaines, strictement sur ordonnance en France, voire quelques crèmes. Un médicament n’est pas un produit comme les autres et il faut toujours lire l’étiquette sur la boîte. Pour en savoir plus, vous pouvez aussi vous référer à la section Automédication du site AmerikSanté.