« Ce qui m’a le plus manqué durant ces mois de confinement, c’est d’aller à des concerts et d’écouter de la musique live ! » lance Cécile Boucheron, Française installée à Oakland depuis bientôt trois ans. Qu’à cela ne tienne, pour pallier son manque, la mélomane – designer d’interface de profession – décide de faire (re)vivre la musique autour d’elle. Comment ? En organisant des concerts dans des jardins prêtés par des francophones de la East Bay. Les « Backyard Concerts » sont nés.
« Pour respecter les règles sanitaires actuelles, chacun prend sa chaise, sa boisson, on se met à deux mètres les uns des autres et on profite d’une heure de musique ensemble » explique-t-elle. Un concept qui a déjà séduit 25 personnes lors du premier spectacle organisé le 11 octobre dernier dans un jardin de Berkeley. « Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais les tickets se sont vendus en quelques heures ! Je ne suis visiblement pas la seule à qui la musique live manque » s’exclame Cécile Boucheron, satisfaite par cet engouement.
Pour le premier concert, Jeanne Hourez, musicienne française diplômée des conservatoires de Paris, San Francisco et de l’Université de Montréal, a pris place derrière un piano installé pour l’occasion dans le jardin d’une famille française. « Elle a interprété des morceaux de classique en solo et j’ai ressenti que ça faisait un bien fou à tout le monde ! » confie Cécile Boucheron. Le second concert, organisé le 24 octobre dans un jardin d’Orinda, met en scène un groupe de jazz manouche pour une toute autre ambiance.”L’idée, c’est de faire découvrir des styles et groupes divers” explique Cécile Boucheron.
Le prix des places varie entre 12 et 15 dollars selon leur durée et la totalité des bénéfices revient aux artistes. Une initiative qui vise à les soutenir. « Les artistes ne peuvent plus jouer et leurs revenus ont chuté. Nombreux sont ceux qui expriment aussi le besoin de jouer devant un vrai public… Ces concerts sont donc gagnants-gagnants et en ces temps de virtuel à l’extrême, ça permet de développer des liens sociaux essentiels » précise la Française.
Cécile Boucheron n’en est pas à son coup d’essai côté organisation d’évènements. En 2017, elle a lancé des apéros mensuels entre Français et francophiles de San Francisco . « J’ai habité six ans à NYC avant d’arriver dans la Baie et je me suis inspirée de ce qui se faisait là-bas. Ça manquait cruellement ici alors que l’on a tous besoin de contacts humains. Se retrouver entre francophones, c’est un peu comme être dans un nid. Et c’est un vecteur commun pour lancer des projets ! » détaille la passionnée 100% bénévole.
En 2019, Cécile Boucheron créé dans la foulée le groupe Facebook des Francophones de la East Bay qui rassemble désormais plus de 500 membres. Aujourd’hui, afin de pérenniser son projet de concerts – plus compatible avec la pandémie que les apéros – elle a besoin d’autres francophones à ses côtés. Elle recherche des musiciens en mal de spectateurs, des propriétaires de jardins dans la East Bay et des personnes capables de l’épauler sur le plan technique (branchements, son, etc.).
Seule condition : avoir envie de participer. « Francophone ou francophile, amateurs ou professionnels de différentes branches musicales… Il suffit juste d’être motivés ! » ajoute t-elle. Seules contraintes : « on est limités au niveau sonore donc peu probable de jouer du métal. Et on suit le rythme du soleil ! ». Les spectacles ont lieu en effet avant que la nuit ne tombe, en fin d’après-midi.
À venir en novembre, avant une trêve hivernale : un duo contrebasse / ukulele – voix (en recherche d’un(e) pianiste francophone). On peut consulter la programmation ici et Cécile Boucheron planche déjà sur le répertoire printanier. N’attendez donc pas pour vous manifester et la contacter. Que les jardins continent de chanter.