Si l’on en croit les résultats préliminaires de notre sondage pas du tout scientifique sur Facebook, vous êtes plus nombreux à répondre “oui” à la question “l’élection de Donald Trump vous donne-t-elle envie de rentrer en France ?” . Voici ce qu’une présidence Trump pourrait changer pour les Français des Etats-Unis.
Immigration
Donald Trump l’a affirmé à plusieurs reprises après les attentats qui ont frappé la France: il est partisan d’un “contrôle extrême” sur les visiteurs issus de pays qu’il estime à risque. Il n’a pas cité explicitement l’hexagone, mais a laissé entendre qu’il pourrait figurer sur la liste. Il est néanmoins resté flou sur le genre de contrôles qu’il veut mettre en place. Lors d’une interview en juillet sur la chaîne NBC, il a simplement déclaré: « Si une personne n’est pas en mesure de prouver ce qu’elle doit prouver, alors elle ne peut pas entrer dans le pays ».
Immigrés clandestins
Donald Trump a fait campagne sur le thème de la déportation des immigrés clandestins, promettant notamment créer une “force de déportation” chargée de les expulser. Il a mis de l’eau dans son vin depuis, sans pour autant revenir complétement dessus. Mercredi matin, le responsable du comité national républicain, Reince Preibus, a précisé que le président élu n’appelait pas à “une déportation de masse” . “Il a dit ‘uniquement ceux qui ont commis des crimes’. Et seulement après, nous regarderons ce que nous ferons” .
H-1B
Le candidat Trump a dit pendant la campagne qu’il « changeait » d’avis sur le sujet, défendant début mars l’idée de faire venir des travailleurs qualifiés aux Etats-Unis avant de dire une semaine plus tard que le programme H-1B, qu’il a utilisé comme patron, était « très, très mauvais pour les travailleurs» américains. Motif: il favorise selon lui leur remplacement par une main d’oeuvre étrangère. Il pourrait trouver des alliés chez les républicains du congrès, mais aussi quelques démocrates, qui partagent la même inquiétude par rapport à ce visa.
Business
Pour Stephen Dreyfuss, porte-parole de la Chambre de commerce franco-américaine de New York, “il n’y aucune raison de penser que la relation commerciale entre la France et les Etats-Unis, basée sur des intérêts communs, va se détériorer” . L’homme d’affaires devenu président a fait plusieurs propositions pour favoriser les entreprises présentes sur le sol américain, en proposant notamment de réviser le code fiscal pour alléger les charges sur les sociétés. Une présidence Trump pourrait-elle affecter l’implantation d’entreprises françaises aux Etats-Unis ? “Il faut que les Français et les Américains fassent la part des choses. On a beau avoir des opinions personnelles, cela ne doit pas dicter la décision d’établir des relations commerciales avec les Etats-Unis. Ça reste un grand marché, poursuit Stephen Dreyfuss. Il faut lui accorder un peu de temps. Comme il n’est pas un homme politique, il n’est pas très fixé idéologiquement. D’après ce qu’il a dit pendant la campagne, je ne vois pas ce que cela peut changer, sauf si son programme économique affecte négativement l’économie dans son ensemble” .
Santé
Les Français des Etats-Unis sans assurance privée pouvaient compter sur Obamacare. Sous Donald Trump, cela ne sera probablement plus le cas. Le milliardaire a promis de supprimer l’Affordable Care Act, réforme phare du premier mandat de Barack Obama, sans préciser ce par quoi il le remplacerait. Chez Eric Thoby, responsable des solutions d’assurance pour expatriés Agora Expat, “un client sur deux est sur Obamacare“. Au lendemain de l’élection, c’est l’attente qui prédomine. “Comme il l’a dit, je pense qu’il va remettre en cause Obamacare et qu’il va redonner aux individus la liberté de s’assurer ou pas. Il n’y aura plus cette histoire de carotte et de bâton. Mais d’un autre côté, comme il a fait une grosse partie de ses discours sur le protectionnisme et le nationalisme, qu’il est partisan du libre-marché, je me demande s’il va favoriser les assureurs américains, s’interroge l’assureur. Aujourd’hui, je conseille la même chose qu’hier: il ne faut pas spéculer sur des choses qu’on ne connaît pas” .
Relations franco-américaines
Barack Obama a appelé la France “l’allié le plus ancien des Etats-Unis” . Après les attentats, Donald Trump a dit pour sa part que “la France n’est plus la France” . Ce qui avait valu à François Hollande de lui répondre un cinglant: «La France sera toujours la France, parce que la France ne cède jamais et parce que la France, elle porte toujours des idéaux, des valeurs, des principes qui font que nous sommes reconnus partout dans le monde. Et c’est quand on s’abaisse qu’on ne se ressemble plus. Ça peut arriver à d’autres, outre-Atlantique».
Réagissant à son élection, François Hollande s’est montré glacial. «Ce qui est en jeu c’est la paix, c’est la lutte contre le terrorisme, c’est la situation au Moyen-Orient, ce sont les relations économiques et c’est la préservation de la planète», a notamment affirmé le président, notant que l’arrivée de Trump au pouvoir ouvrait “une période d’incertitude” . Il a promis de discuter de tous ces sujets avec la nouvelle administration américaine «avec vigilance et franchise».
À droite aussi, les candidats à la primaire n’ont pas caché leur désapprobation du milliardaire, à la différence de Marine Le Pen qui lui a adressé ses félicitations mercredi.