Ils n’ont visiblement pas bien cherché à comprendre le sens des paroles. L’équipe de campagne de Donald Trump a récemment publié une vidéo destinée à promouvoir la candidature de l’ancien président à la Maison Blanche. L’élection est en effet programmée dans un an, en novembre 2024, et Donald Trump caracole en tête des sondages de son parti pour devenir le candidat républicain.
donald trump run boy run 2024 campaign video
byu/AutomaticDrop6236 inTrumpgret
Dans cette vidéo, on y voit bien entendu beaucoup l’ancien homme d’affaires, mais on y entend surtout le titre « Run boy run », un morceau datant de 2012 écrit et composé par un Français, Yoann Lemoine, plus connu sous son nom d’artiste Woodkid.
Il est vrai que, de loin, les paroles peuvent sembler attirantes pour Donald Trump et ses soutiens. Pris dans un sens politique, « Run » peut en effet se traduire par « candidate », ou « présente-toi ». Le reste du texte offre lui aussi des similitudes avec l’imaginaire que souhaiterait imposer l’ancien président. Pêle-mêle : « They’re trying to catch you » (ils essaient de t’attraper); « Running is a victory » (courir est une victoire); « They’re dying to stop you » (ils meurent d’envie de t’arrêter); et tout un tas d’autres punchlines tout aussi équivoques.
Problème : Woodkid n’a jamais donné son accord à l’utilisation de sa musique et de son morceau par Donald Trump et son équipe. Et il l’a vertement fait savoir sur ses réseaux sociaux : « Je n’ai jamais donné mon accord pour l’utilisation de ma musique dans un clip de campagne posté par Donald Trump récemment, a-t-il écrit. Bien évidemment, je ne suis pas du tout d’accord au niveau humain et politique avec ceci, et cela m’attriste. »
Le plus ironique dans tout cela, c’est que le texte de la chanson a été écrit par le Français pour défendre des idées justement combattues par Donald Trump. « Je veux répéter que j’ai écrit cette chanson en 2012 en tant que jeune homme gay, comme un appel à l’émancipation, et j’espère d’inspiration, pour tous les jeunes LGBTQI+ ».
Cela n’arrêtera sans doute pas l’équipe de l’ancien président, car la loi aux États-Unis autorise dans certains contextes l’utilisation de contenus musicaux sans l’autorisation de leurs auteurs. Ce n’est pas la première fois que le Français, qui s’était fait connaître au tout début de sa carrière en réalisant des clips pour d’autres stars (Nolwenn Leroy, Katy Perry, Drake, Lana Del Rey…), et qui a vécu un temps à New York plus jeune, voit sa musique utilisée pour des causes opposées aux valeurs qu’il défend. Les opposants au mariage pour tous, en France mais aussi en Italie, s’en étaient eux aussi servi.
Peut-être Donald Trump peut-il remplacer Run Boy Run par un autre morceau de l’artiste ? Par exemple un de son dernier album, « S16 », sorti en 2020. « Goliath » au hasard, une comparaison qui devrait plaire à l’ancien président, et dont les paroles peuvent, elles aussi, être bien équivoques : « Where are you going boy, When did you get so lost, How could you be so blind » (où vas-tu mon garçon, quand t’es-tu perdu à ce point, comment peux-tu être aussi aveugle)…