C’est le graal de l’immigré et souvent un long parcours du combattant. La Carte Verte (Green Card) permet de résider et de travailler sur le territoire américain légalement. Malgré la longue liste de documents à remplir, certains se lancent dans les procédures sans avocat de l’immigration. Témoignages.
Comme beaucoup, Alexia Bassery Betteridge a décidé de rencontrer un avocat pour avoir des informations : “Il m’a d’abord confirmé que le tout serait de 2.000 dollars tout compris, puis lorsque je l’ai vu à son bureau, il m’a précisé qu’il fallait ajouter les frais de dossier USCIS (1.225 dollars ndlr). Mon mari et moi avons donc décidé de nous lancer sans avocat”, témoigne la Française basée en Californie. Alexia est loin d’être la seule à avoir fait le choix de remplir les centaines de pages de dossier sans avocat. Arrivée à San Francisco avec un visa B1-B2 (tourisme), Emilie Detcheverry a préféré économiser : “Je suis allée voir un avocat qui m’a expliqué les démarches, mais le forfait était de près de 4.000 dollars. Étant institutrice, je suis organisée. J’ai lu les différents formulaires et à part deux ou trois questions, je pouvais tout remplir seule. Alors je me suis dit que j’allais économiser”, témoigne la jeune-femme qui a depuis obtenu sa carte verte.
Les frais d’un avocat s’ajoutent à ceux des frais de dossier et peuvent varier entre 2.000 et 3.000 dollars. Pour certains, les frais s’avèrent trop élevés. “Je n’avais pas les moyens de prendre un avocat, alors j’ai payé une consultation à 250 dollars et il m’a dit que c’était faisable”, témoigne Lore Escuret. La mère de famille basée en Floride ne regrette pas d’avoir consulté un avocat et avec ses conseils, elle a réussi à remplir les formulaires sans aucune toute seule. “Quand on prend le temps, on se rend compte que c’est faisable”, assure la Française qui a pu trouver de l’aide grâce aux nombreux groupes francophones en ligne. “Il existe une entraide aux Etats-Unis, que je ne trouvais pas en France”, poursuit-elle.
“Il faut bien étudier le site internet de l’USCIS, tout y est écrit”, ajoute Emilie Detcheverry qui a également utilisé les réseaux sociaux pour poser des questions aux Français qui étaient dans le même cas. “Il faut aller sur les groupes de soutien sur les réseaux sociaux, connaître une personne qui est passée par là… Il faut être curieux et se renseigner”, conseille la jeune femme. Concernant la visite médicale obligatoire pour obtenir la Green Card, la jeune institutrice a fait des recherches pour comparer et trouver les moins chères, car là aussi, tout est une histoire de prix : “Il y a une grosse différence de prix entre les cliniques, il faut bien regarder et comparer”, assure-t-elle.
Malgré le stress et les longs mois d’attentes qui suivent l’envoi du dossier, Alexia Bassery Betteridge a vécu cette période sereinement. “J’ai vécu ça de façon très détendue. Je voulais juste recevoir mon EAD (Employment Authorization Document) car ma famille me manque. Je pense que lorsque c’est un vrai mariage, il ne faut pas stresser”, lance la Française basée en Californie. Lore Escuret ajoute : “L’avocat dépend de chaque situation. Je pense qu’il faut un avocat si on a des problèmes de visa. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas un avocat que l’on ne peut pas aller au bout des démarches”
Long et fastidieux
Renvoi de formulaires, erreur dans le dépôt des dossiers, oublis… Préparer le dossier de la Carte Verte est très fastidieux. “Ça peut engendrer des retards si on n’est pas très vigilants. J’ai eu un retour complet de mon dossier, car j’avais oublié un formulaire”, se souvient douloureusement Lore Escuret, qui regrette l’absence d’association de soutien pour ceux et celles qui ne peuvent pas financer un avocat. En moyenne, il leur a fallu un mois pour préparer et remplir les différents formulaires. “Le plus long, c’est de lire et de relire pour être sûre de ne rien oublier”, précise Emilie.
Si la plupart des demandes de carte verte par mariage sont les mêmes, certains cas demandent toutefois l’appui d’un avocat. “Je conseille au moins de payer une consultation, insiste Maître Marcelle Poirier. Les formulaires changent et les questions sont de plus en plus piégeuses. Si vous faites une erreur, ça peut remettre en question tout le dossier. On peut perdre six mois en envoyant un mauvais document”, assure l’avocate spécialisée dans l’immigration à Miami.
Par manque de temps, certains préfèrent payer le prix. Basée à Paris, Lovely Cheron a préféré faire appel à un avocat pour gagner du temps et rejoindre son mari aux Etats-Unis. “Avoir un avocat permet de faire les démarches sereinement, même si c’est un budget”, constate-t-elle sans regretter son choix.
“Avoir quelqu’un sur qui on peut se reposer, ça n’a pas de prix”
Même constat pour Charlène Taylor : “Je pense que ça soulage, car même si on connaît l’anglais, il y a des questions difficiles à comprendre. J’étais confuse en lisant de nombreuses questions, surtout dans le contexte actuel”, poursuit la Française basée à Nashville, dans le Tennessee. Les avocats le soulignent : les règles d’obtention de la carte verte se sont durcies : “Jusqu’en 2016, c’était plutôt basique. Le nouveau gouvernement revoit tous les tests réglementaires et les officiers sont plus regardants. Le processus de l’Immigration est le document le plus important pour toutes les personnes qui souhaitent rester, donc avoir quelqu’un sur qui on peut se reposer, ça n’a pas de prix”, souligne Maître Francine Prewitt, avocate spécialisée dans l’Immigration à New York.
En fonction du cas de chacun, le fait de ne pas faire appel à un avocat ne compromet pas l’obtention d’une carte verte, mais avoir un professionnel à ses côtés est rassurant. Toutefois, il existe d’autres types de carte verte pour lesquels il est compliqué de remplir le dossier sans l’aide d’un avocat : “Celles basées sur l’emploi et les multinationales. Dans ces cas, il est impossible de faire le dossier seul car c’est très complexe”, conclut Marcelle Poirier.