“De vieilles ombres nous fixent et seule la lumière peut les dissiper”. Sa Lumière, Capitaine Alexandre veut la transmettre par ses poèmes et ses slams. Invité par la librairie Albertine durant son passage à New York, l’écrivain échangera avec le public new-yorkais le 16 février. Il lira des extraits de ses textes Résidents de la République et Le Chant des possibles.
Cette tournée sera aussi l’occasion pour l’écrivain de rencontrer des étudiants de Columbia, NYU et du Lycée Français. “Je voyage dans beaucoup de pays francophones pour partager. Cela a toujours été au cœur de mon projet artistique. Transmettre ce en quoi je crois mais aussi le fait que la poésie peut nous aider à supporter le monde et peut-être à changer de regard sur le monde”, confie-t-il.
Pourquoi venir à New York ? “Pour pousser toujours plus loin le champ des possibles, l’interaction que je peux avoir avec les publics. […] Et cela a encore plus de sens de venir parler de vivre ensemble, aujourd’hui, dans l’Amérique post-Obama avec ce visage nouveau et ces crispations identitaires qui pointent leur nez”.
De son vrai nom, Marc Alexandre Oho Bambe est né au Cameroun. “J’ai grandi avec Aimé Césaire, avec René Char à qui je rends hommage par mon nom de scène (ndlr : Capitaine Alexandre était le pseudonyme du poète et résistant sous l’Occupation). Des poètes qui regardaient le monde et la société, et qui se sont engagés en nous léguant des chemins d’espérance”. En 2006, il fonde le collectif On a slamé sur la Lune avec lequel il sillonne la France. Il publie ensuite en solo ADN et Le Chant des possibles en hommage à Césaire qui lui permet de recevoir le Prix Paul Verlaine de l’Académie Française, puis Résidents de la République.
“Les Résidents de la République à qui je rends hommage sont des gens qui s’organisent pour que les différences tiennent ensemble […] Ces résidents/résistants sont déjà à l’œuvre. Je les ai vus à la jungle de Calais par exemple. Ils venaient aider bénévolement sans être membres d’une association ou d’une organisation […] Bien sûr il y a une certaine utopie là-dedans, mais c’est une utopie réalisable, des utopies qui existent réellement à petite échelle.”
Le slameur se voit avant tout comme un poète engagé. Intervenant sur Mediapart, il réagit régulièrement sur les débats liés à l’immigration, l’intégration, l’islam et le vivre-ensemble. “Je considère qu’on doit cesser de vivre dans la réaction et dans la passivité. Je m’engage pour ce en quoi je crois et pour défendre des valeurs”.
“Une phrase d’Aimé Césaire que je répète souvent aux élèves c’est ‘Gardez-vous de rester les bras croisés en l’attitude stérile du spectateur car la vie n’est pas un spectacle’. Et dans une période comme celle que nous traversons aujourd’hui, nous n’avons pas le choix. C’est résiste ou meurs”.