L’une est suisse, l’autre française; toutes deux vivent et travaillent depuis des années aux Etats-Unis. Suffisamment pour bien connaître le danger qui menace toute carrière internationale -et toute organisation-, celui de l’incompréhension. Elles en ont fait un livre, “Can We Agree to Disagree”, qui sort ce 15 juin.
“Toutes les deux, nous avons fait cette expérience douloureuse que comprennent tous ceux qui travaillent dans des milieux internationaux, celle de ces blocages issus de stéréotypes que personne n’explique jamais”, raconte Sabine Landolt, qui après une carrière notamment chez LVMH, a créé son agence de branding. Quand elle rencontre Agathe Laurent, spécialiste de stratégie et recherche en marketing, les deux femmes parlent de ces incompréhensions infinies et de leurs dégâts, “de la souffrance au travail qu’elles occasionnent”. De cette rencontre est donc né ce livre, “Can we agree to disagree”, qui loin d’une somme académique se veut très pratique. Magnifiquement illustré, c’est presque un “beau livre”, construit sur cinquante témoignages, cités “verbatim” et dans leur langue originale. Une méthode qui, espèrent les deux auteures, permet de donner des pistes “pour une collaboration réussie entre Américains et Français (…) qui peuvent créer une alchimie extraordinaire.”
Construit autour d’une quinzaine de chapitres qui sont autant de questions, et parfois de blessures, le livre donne la parole aux deux “camps”, avant de livrer des “trucs et astuces” (“tips and tricks”) respectivement aux Français et Américains. On vous conseillera ainsi de “laisser du temps aux Français pour déjeuner” si vous êtes Américain, ou inversement, on suggère aux Français d’être “compréhensif face à l’obsession des Américains pour leur job, qui est culturelle et -pour beaucoup- nécessaire à leur sécurité et stabilité”.
De la culture américaine du résultat au goût français pour le conflit, de passant par l’horreur déclenchée dans un bureau américain à l’idée de devoir faire la bise à ses collègues, les deux auteures passent en revue les clichés transatlantiques, mais pour mieux donner des pistes sur les manières de les dépasser. Ainsi de l’opposition entre généralistes à la française et “hyper spécialistes” à l’américaine, qui rend le recrutement parfois compliqué: “Quand les Français embauchent un Américain, il y a souvent beaucoup de frustrations car il est parfois difficile de trouver quelqu’un qui peut accomplir plusieurs tâches; à l’inverse pour les Américains, qui recherchent des vrais spécialistes, les Français peuvent apparaître comme des touche-à-touche bons à rien…”
Conçu comme un guide accompagnant le nouveau venu, “Can We Agree to Disagree” s’adresse en réalité à tous ceux qui, de près ou de loin, ont goûté à ces différences transatlantiques, parfois frustrantes mais toujours pleines d’enseignements. “Avec un peu d’humilité, on arrive tous à s’adapter, conclut Sabine Landolt. Et on apprend beaucoup au passage”.