Si vous la croisez dans la rue, son visage vous dira peut-être quelque chose… Mais ferez-vous le rapprochement entre une jeune quadra sur Pennsylvania Avenue et une starlette des sitcoms des années 90 ? Pas sûr.
Et pourtant, c’est bien Justine, l’héroïne de “Premiers baisers”, que vous venez d’apercevoir, ou plutôt Camille Raymond – son nom à la ville – en route pour le FMI où elle travaille depuis quatre ans. Des plateaux d’AB Productions à la plus grande institution financière au monde, elle a fait du chemin.
Avec « un père ingénieur et une mère au foyer, pas du tout du milieu », rien ne présageait un tel parcours, confie Camille Raymond. « Tout a débuté par hasard : la concierge de ma grand-mère avait des enfants qui faisaient des castings, et un jour elle m’a emmenée… » Encore en maternelle, elle tourne rapidement dans des pubs, puis enchaîne quelques rôles sur grand écran, dont “L’été de nos quinze ans” avec Sardou.
« Pour moi c’était super, on partait un mois et demi pour tourner, j’étais l’enfant du plateau, très choyée, se souvient-elle. Je croyais même que ma mère payait, qu’elle m’offrait une sorte de colonie de vacances ! »
Avec les Musclés
À 12 ans, elle passe un casting pour “Salut les Musclés”, la série d’AB Productions. A l’origine, le rôle de Justine Girard, la nièce de Framboisier, n’est pas censé durer, mais elle accompagnera finalement la joyeuse bande pendant plus de 200 épisodes.
Devenue lycéenne – en même temps que Camille Raymond – Justine finit par s’émanciper des Musclés et devient l’héroïne de “Premiers baisers”. Elle y est entourée du petit ami Jérôme, de la copine Annette et de sa grande sœur Hélène (à qui on ajoutera bientôt les garçons). La grande époque des sitcoms commence.
« On était une trentaine de jeunes à tourner ensemble de 8h à minuit, c’était des grosses journées mais c’était sympa, se rappelle-t-elle. Les scénaristes s’inspiraient de nos vies, de nos relations au quotidien. » Fini par contre l’insouciance de l’actrice-enfant : « Je suis allée une fois au MacDo et il y a eu une émeute. On a fini par appeler la police. »
Majeure de promo
Quatre saisons et 318 épisodes plus tard, “Les années fac” prennent la relève pour 200 autres chapitres de la vie de Justine/Camille, désormais à l’université. Mais dans la vraie vie, les choses sont plus compliquées. « Certains profs ne me voyaient qu’aux partiels, donc j’avais intérêt à avoir de bonnes notes, précise-t-elle. J’avais aussi la pression lors de l’affichage des résultats, vu que tout le monde me connaissait, mon nom était même surligné… » Elle finit malgré tout majeure de promo de sa maîtrise de finance.
À l’heure du choix entre les projecteurs d’AB et la finance, elle décide finalement… de poursuivre les études. Ce sera donc le clap de fin pour Justine et Sciences Po Paris pour Camille Raymond, qui en profite aussi pour avoir son premier enfant avec Jean-Xavier, rencontré en première.
Famille nombreuse
Une dizaine d’années plus tard, désormais mère de famille nombreuse, Camille Raymond décide avec son mari de tenter l’aventure à l’étranger. Ayant trouvé du travail à la Banque mondiale (lui) et à la communication du FMI (elle), c’est vers DC qu’ils s’envolent en 2013 avec un nourrisson et trois enfants de 15, 13 et 4 ans.
« Nous avions des amis ici, mais je ne connaissais pas du tout, avoue-t-elle, je n’ai pas fait de repérage avant de venir, on a pris l’avion et on a débarqué. »
Quant à l’anonymat, le temps « où on se faisait engueuler dans la rue avec mon copain parce que soi-disant je trompais Jérôme » semble bien loin. « On me reconnaît moins aujourd’hui, surtout à DC, mais comme je ne suis pas physionomiste, quand on me demande si on ne s’est pas déjà vus, je me dis: ‘peut-être, je ne suis pas sûre’… Je ne pense pas tout de suite à la série… »