Dans la grande salle de conférence du luxueux Eden Roc Hotel de Miami Beach, la foule a pris place derrière plusieurs rangées de tables. Face à elle, une scène sur laquelle les drapeaux français, américain et européen, et deux écrans géants ont été installés. Une vidéo est lancée. La musique du générique de Mission Impossible commence. «Votre mission, dit le commentaire : aider la France à se mondialiser».
Pour leur premier symposium mondial, les CCE (Conseillers du Commerce Extérieur) ont vu grand, quitte à s’ériger en Tom Cruise de l’internationalisation de l’économie française. Les organisateurs le martèlent : six cent participants issus de 50 pays différents, six ministres ou anciens ministres français et étrangers et deux Ambassadeur participent à ce raout, le «plus grand rendez-vous d’entrepreneurs français à l’étranger». Au programme: deux jours de panels et sept déjeuners, petits-déjeuners et cocktails, autant d’opportunités pour échanger des cartes de visite. «Notre objectif est de montrer que l’avenir de la France passe par la mondialisation, indique Paul Bensabat, président du comité Amérique du Nord des CCE. La clef du commerce international, c’est le networking. Qui va vous ouvrir quelle porte… ».
Au nombre de 4.300 à travers le monde, les Conseillers du Commerce extérieur sont des entrepreneurs et cadres bénévoles, nommés par décret du Premier ministre, chargés d’informer les pouvoirs publics de l’état du marché local et de partager leurs expériences afin de faciliter l’installation d’entreprises françaises. Bon nombre d’entre eux avaient répondu «présent» pour le symposium, de même qu’une kyrielle de chefs d’entreprises, petites ou grandes, de présidents de chambres de commerce et de missions économiques. L’ancienne présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, participe notamment à deux panels. Un sous-secrétaire d’Etat américain, Thomas Nides est là également, de même qu’Eugenio Minvielle, PDG d’Unilever North America ou encore Michael L. Ducker, Président des activités internationales de Fedex.
En outre, dix PME sélectionnées par les conseilleurs du commerce extérieur participeront à des «Elevator Pitch», une présentation d’une minute de leur activité, dans l’espoir d’être remarquées par des investisseurs.
«On n’en fait jamais assez pour développer le réseau des différents acteurs économiques, estime Georges Nahon, président directeur général des Laboratoires de l’opérateur téléphonique Orange. Aujourd’hui, on ne peut plus avancer seul. »
« Pas un événement politique »
Hasard du calendrier: l’événement intervient après l’annonce, mardi, du déficit record de la balance commerciale de la France pour 2011 – 69,59 milliards d’euros, contre 51,52 milliards en 2010. Une tendance qui en inquiète plus d’un ici, dont le Président du Comité national des CCE Bruno Durieux. Ce dernier a profité de son discours d’ouverture pour interpeller le secrétaire d’Etat aux PME Frédéric Lefebvre, qui avait fait le déplacement dans le cadre d’une tournée ministérielle aux Etats-Unis. Celui qui est également candidat au poste de député des Français d’Amérique du Nord lui a répondu que le déficit était moins élevé que les projections, provoquant quelques sourires dans la salle.
Mais pour les organisateurs, l’heure n’était pas aux programmes politiques. «Je ne veux pas que le symposium devienne un lieu politique, insiste Paul Bensabat. On fait de l’économie, pas de la politique.» L’économie, ils n’en parlent pas à la plage ou au bord de la piscine comme le suggèrent les mauvaises langues: depuis jeudi matin, les averses et les rafales de vent se succèdent sur Miami.
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