Il n’avait jamais mis les pieds à New York. Aux Etats-Unis guère plus: son premier voyage date de 2010, lorsqu’il fit le déplacement d’Hollywood pour participer à la cérémonie des Oscars, auxquels il avait été nommé pour une chanson de “Faubourg 36”, de Christophe Barratier. Cette fois, le voyage new-yorkais est purement exploratoire. Il vient recontrer, au hasard des recommendations, des réalisateurs, des confrères musiciens. Et des agents bien sûr: lui qui “travaille à la poignée de main” en France sait bien que s’il veut s’implanter dans le paysage américain il lui faudra en passer par là.
De ce côté de l’Atlantique, Reinhardt Wagner est un inconnu et un débutant. Et c’est peut-être ce qu’il vient chercher. Car en France, sa réputation est faite. A 55 ans tout juste sonnés, avec plus d’une quarantaine de musiques de films à son actif (pour Jean-Jacques Beineix, Philippe Labro, Pascal Thomas, Roland Topor…), des musiques de scène et comédies musicales (“René l’énervé”, de Jean-Michel Ribes, au Théâtre du Rond Point à Paris fin 2011…), des chansons (pour Guesh Patti…), le compositeur a croisé tous les genres.
Il y a d’ailleurs a obtenu un Prix Charles Cros en 2004 (pour “Joséphine et les ombres”, opéra écrit avec Roland Topor), une Etoile d’or du cinéma en 2009 (prix de la critique), entre autres nomination aux César pour la BO de “Faubourg 36”. Sans oublier l’incontournable médaille en chocolat pour grandes personnes, un insigne de chevalier des Arts et Lettres en 2009.
De LA à NY
Mais revenons une mesure en arrière : “Faubourg 36”. Le film de Christophe Barratier (par ailleurs réalisateur du phénoménal succès “Les Choristes”) a valu à Reinhardt Wagner une distinction aussi inattendue (par lui !) que prestigieuse. Sélectionné aux Oscars en 2010, catégorie meilleure chanson, pour “Loin de Paname”, il n’a finalement pas remporté l’encombrante statuette. Mais quand on a pour challengers Randy Newman ou Maury Yeston (“Nine”)… on se console sans trop de peine !
A défaut de récompense ce détour par LA lui a donné des idées de conquête de l’Amérique et des envies d’inscrire ses notes là où, hier, Maurice Jarre a brillé, rejoignant ainsi le petit cercle des Français qui font leur miel à Hollywood, tel Alexandre Desplat, pour ne citer que le plus visible d’entre eux.
Le compositeur n’a ni appréhension ni complexe. Il sait bien que le balancier… balance ! Mauvais élève revendiqué ayant quitté le lycée en 4e, il allait ensuite rafler tous les prix : d’harmonie, de contrepoint, de composition… au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, complétant sa formation au Collège de France à l’écoute des cours d’un Maître un peu marteau, Pierre Boulez. Rien ne peut donc plus lui faire peur…
Au détour d’un bar de Greenwich…
Compositeur protéiforme dont les influences sont peut-être à chercher du côté de l’Italie (Nino Rota, Nicolas Piovani, Ennio Morricone…), amoureux de Stravinski et de Ligeti, Reinhardt Wagner est un insatiable gourmand de musique, qui s’est essayé à tous les styles… Car il n’y a pour lui de genre ni majeur ni mineur, rien que de la musique.
Ajoutons que ce musicien tout-terrain est également, à la ville, un joyeux compagnon de fort aimable humeur, doué de la rare capacité de ne jamais se “prendre la tête”.
Dans les jours qui viennent, guettez du côté du piano dans les bars de Greenwich. Vous pourriez bien l’entendre, poussant la chansonnette au débotté.
Ne serait-ce que pour cette formidable décontraction, l’Amérique est à sa portée!
Jean-Louis DERENNE
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Bon courage M. Wagner, ou plutôt : bonne chance !
Au moins vous avez l’avantage d’un patronyme connu dans le monde de la musique ! (comme C-M Schoenberg !). Article très bien rédigé, bravo.